Pension de réversion pour les conjoints non mariés

QUESTIONS AU GOUVERNEMENT – Question écrite n° 18250 adressée à la ministre des Affaires sociales et de la Santé

Question publiée au JO le : 12/02/2013
Réponse publiée au JO le : 12/03/2013

Texte de la question

M. Paul Molac attire l’attention de Mme la ministre des Affaires sociales et de la Santé sur la pension de réversion pour les conjoints non mariés. La pension de réversion correspond à une partie de la retraite dont bénéficiait ou aurait pu bénéficier l’assuré décédé, salarié ou fonctionnaire. Avec la réglementation actuelle, les couples pacsés ainsi que les couples en unions libres ne sont pas éligibles à la pension de réversion. Elle n’est en effet réservée qu’aux couples ayant été mariés. Il lui demande donc si le Gouvernement compte faire évoluer la loi afin de tenir compte de l’évolution des unions pour rendre éligibles les couples pacsés au dispositif de la pension de réversion.

Texte de la réponse

L’ouverture du droit à réversion demeure liée à une condition de mariage. L’existence d’une situation de concubinage n’est pas prise en compte à cet égard. Introduire une telle possibilité dans l’ouverture du droit à pension de réversion supposerait de déterminer les moyens de financement de la charge pouvant en résulter pour les régimes concernés, une charge très lourde eu égard à l’exigence d’équilibre de nos régimes de retraite. Elle impliquerait de surcroît la mise en place d’un dispositif spécifique en termes de contrôle. La situation de concubinage est en effet purement déclarative et ne peut être appréciée qu’à la date à laquelle les intéressés sollicitent sa prise en compte. Quant aux personnes liées par un pacte civil de solidarité (PACS), elles ne sont pas non plus dans une situation identique à celle des conjoints, notamment du point de vue des obligations respectives entre membres du couple.

À titre d’exemple, les partenaires s’engagent à une aide matérielle et à une assistance réciproques, alors que les conjoints se doivent fidélité, secours et assistance. Dès lors, le législateur peut fixer des règles différentes pour ces catégories de personnes sans contrevenir au principe d’égalité (arrêts du Conseil d’Etat des 28 juin 2002 et 6 décembre 2006). Dans sa décision du 29 juillet 2011 portant sur une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à l’exclusion des couples non mariés de la réversion, le conseil constitutionnel a considéré que, compte tenu des différences entre les trois régimes de vie de couple (concubinage, PACS et mariage), la différence de traitement quant au bénéfice de la pension de réversion entre couples mariés et couples non mariés ne méconnaissait pas le principe d’égalité. Cet état du droit est cohérent avec une logique de choix, par l’assuré, de son mode de conjugalité : il peut librement vivre en concubinage, contracter un PACS ou se marier, en sachant que, selon son choix, le mode d’union emportera des obligations mais aussi des droits différents. Actuellement, les couples de même sexe ne peuvent se marier et ne peuvent donc en aucun cas s’ouvrir droit à la réversion.

Il existe donc, dans ce domaine, une inéquité entre partenaires, selon que les membres du couple sont du même sexe ou de sexe différent. La réponse à cette inégalité sera apportée par le projet de loi portant sur le mariage pour tous, qui est actuellement débattu au parlement. Cette loi permettra aux couples homosexuels, dans les mêmes conditions que les couples hétérosexuels, d’accéder au mariage et par conséquent à la réversion. Enfin, comme indiqué dans la feuille de route adoptée à l’issue de la grande conférence sociale des 9 et 10 juillet 2012, une phase de concertation avec les partenaires sociaux, à partir du printemps 2013, aura lieu sur les orientations à retenir pour l’avenir de notre système de retraite. Elle portera notamment sur les instruments mobilisés pour atteindre l’objectif d’équité, qui constitue l’un des enjeux essentiels de notre système de retraite par répartition.