Pacte d’avenir Bretagne et écotaxe : la solidarité bretonne à l’épreuve
De plan de licenciement en plan de licenciement, les Bretons ont connu des derniers mois terribles pour l’emploi et l’économie de notre région. Une mobilisation forte en faveur du monde du travail breton doit être réalisée, l’annonce d’un Pacte d’avenir pour la région Bretagne par le Premier Ministre est un début de réponse qu’il conviendra d’approfondir et de suivre attentivement.
Le contrat de sécurisation professionnelle renforcé à destination des salariés ayant perdus leur emploi en leur permettant notamment de maintenir 97 % de leur salaire net sur un an est une annonce positive. Je pense aux salariés de Doux de ma circonscription et à ceux de Gad dont l’accompagnement et la reconversion après de nombreuses années passées chez le même employeur ne sont pas aisées. Les 15 millions d’euros annoncés sont une bonne nouvelle.
Néanmoins, aux mesures d’urgences doivent s’articuler des mesures de long terme pour garantir l’avenir de l’emploi en Bretagne. Il s’agira de moderniser l’agroalimentaire avec le Plan agroalimentaire breton. Il doit nous permettre de maintenir notre potentiel de production et de structurer les circuits courts. Il faudra également mettre en place de nouvelles filières liées à la transition énergétique (méthanisation, énergies marines). L’avenir de la Bretagne passe aussi par la recherche de nouvelles productions, une augmentation de la valeur ajoutée et une vision de l’avenir.
En ce qui concerne l’écotaxe, je regrette que les milieux économiques prennent en compte le problème six mois après le vote à l’Assemblée nationale. Avec mes collègues députés bretons, en particulier socialistes, nous avions livré bataille à l’Assemblée nationale et nous avions obtenu, pour la région Bretagne : une baisse de l’écotaxe de 50 %, l’exclusion de la RN 164 ainsi que l’exonération totale pour la collecte du lait. Nous aurions eu besoin du soutien de tous pour créer la synergie nécessaire pour aller encore plus loin. Si je ne partage pas forcément l’argumentation de certains, je suis néanmoins sensible aux risques qu’une telle écotaxe fait jouer à un développement équilibré du territoire breton. Cette écotaxe s’apparente à une prime à la centralité : plus les entreprises seront proches des concentrations de population et de richesse, moins elles seront soumises à l’écotaxe puisqu’elles auront moins de kilomètres à parcourir.
La Bretagne est d’autant plus touchée qu’il n’existe pas d’infrastructure suffisante pour permettre le report du transport routier vers des transports plus écologiques et que les recettes issues de l’écotaxe ne seront que peu utilisées pour investir dans ces infrastructures manquantes. À l’Assemblée nationale, j’avais demandé en vain que la Région Bretagne, qui gère les ports et le rail, puisse bénéficier d’une partie des recettes, comme l’État et les départements, qui sont eux gestionnaires des routes. On taxera donc les routes, pour financer prioritairement la construction de nouvelles routes. Dans les conditions actuelles, je suis donc pour son retrait en Bretagne, car elle ne prend pas suffisamment en compte la périphéricité et la péninsularité de notre territoire, la mise en place de transports plus écologiques et la grave crise que subit notre économie.
Au vu de ces difficultés, je suis plus que jamais convaincu que l’union des acteurs Bretons est une nécessité pour soutenir un projet collectif et partagé par les Bretons (élus, patrons, salariés). Ce projet collectif aura besoin pour se réaliser d’un renforcement du pouvoir régional, en particulier la possibilité d’adapter les règlements à la réalité de la Bretagne. Cette synergie commune nous a fait défaut lors du vote de l’écotaxe, sachons jouer plus collectif à l’avenir comme nous avons su le faire autrefois.