Lauzach. Nathalie Bruyer, La petite écurie dans la prairie

Nathalie Breyer, avec Eldorado, poulain né à La Petite Écurie dans la Prairie, Kerlan, Lauzach

Quand, en 2002, Nathalie Bruyer, intermittente du spectacle, s’installe à Lauzach, elle est loin d’imaginer le projet qu’elle va mener. Professionnellement, elle vit de sa passion pour la musique, en contant, chantant et jouant des spectacles pour enfants. À titre privé, elle a trois chevaux, en champs, près de sa maison.

Courant 2006, tout se chamboule : la réforme du statut des intermittents l’inquiète quant à son avenir, son envie de travailler avec les animaux se réveille, et plusieurs hectares de terrain se libèrent à proximité immédiate de chez elle. Le puzzle de sa vie se recompose : elle crée « La petite écurie dans la prairie », un projet qui n’entre dans aucune case, mais mêle le respect de la nature, l’accompagnement des enfants en difficulté et l’empathie avec les animaux.

Un idéal atteint, malgré les obstacles

En 2006, Nathalie se voit prêter des terres. En quelques jours, sans avoir de projet concret en tête, elle se retrouve avec 13 hectares, et les contours d’un projet, qu’elle s’empresse de dessiner. Fin d’année, elle a son permis de construire pour mettre en place la structure d’une pension pour chevaux, accueillir des enfants dans des locaux spécialement aménagés, « des tipis d’Indiens pour éveiller leur imagination », et tout un système éco-conçu de phyto-épuration et de toilettes sèches.

« Plusieurs associations et organismes m’ont soutenue : la Chambre d’Agriculture, le centre d’échanges et de ressources La Marmite à La Vraie-Croix. J’ai aussi bénéficié du fonds de garantie à l’initiative des femmes. J’ai laissé ma maison pour vivre en caravane, et cela mis bout à bout, j’ai pu faire installer des sanitaires écoresponsables, un bureau, des tipis et des boxes. »

Tout est enfin en place, en accord avec ses idéaux, mais un revers anéantit les efforts de Nathalie. En 2009, une inspection de la Jeunesse et des Sports vient la contrôler à l’improviste, et la stoppe net. Ses installations écologiques n’entrent pas dans le cadre de ce qui est obligatoire pour l’accueil d’enfants. Il n’est pas question de danger ou de manque d’hygiène, mais simplement d’un point réglementaire. Une fermeture administrative est ordonnée, et des travaux à hauteur de 50 000 €, au détriment de tous ses efforts environnementaux, lui sont imposés.

Abimée dans ses idéaux, Nathalie réussit tout de même à rebondir. Elle sait que son projet en vaut la peine. Elle sait ce qu’elle peut apporter, aussi bien aux enfants qui viendront qu’aux chevaux qu’elle accueille. Alors elle relance la machine, et, en 2010, elle reçoit à nouveau des enfants en difficulté, venus en séjours avec l’Aide sociale à l’Enfance. Elle leur propose une approche différente de l’animal : la calinouthérapie avec les chiens (des bergers australiens), la ronronthérapie avec les chats (une race hypoallergénique, le Sibérien), et la communication avec les chevaux. Car Nathalie a une approche toute particulière du cheval…

Une autre manière d’être avec les chevaux

« Une jument m’a fait remettre en question tout ce que j’avais toujours appris et tout ce que je tenais pour vrai en matière d’équitation. Rien de ce que je connaissais ne fonctionnait avec elle. J’étais dans une impasse totale, malgré trente années d’équitation et une expérience que je pensais solide. » Nathalie n’abandonne pas, mais elle accepte l’idée de désapprendre et de réapprendre sa relation à cet animal. « J’ai observé, j’ai beaucoup observé, et j’ai laissé parler mes ressentis et mes intuitions. Depuis toute petite, j’ai comme un don ou une facilité à communiquer avec les animaux, que je n’avais jamais osé approfondir. Je me suis formée en éthologie [science du comportement animal], en magnétisme, en reiki, et j’ai créé ma propre méthode. » Elle identifie des langages corporels propres aux chevaux. Elle s’intéresse de près à leur bien-être et à leurs interactions en groupe.

« Tous les chevaux sont en troupeaux. Ils sont actuellement 42. Ils sont toute l’année en champs. Ils ont sept pâtures et, tous les dix jours, pour respecter les rythmes naturels de transhumance, je les fais changer. Les chevaux apprennent ou réapprennent les codes sociaux, s’équilibrent ensemble. » Quand ils sont montés, c’est sans mors, et la monte n’est qu’une infime partie de ce qui attend les enfants qui viennent passer une après-midi à La Petite écurie dans la prairie. En quatre heures d’activité, l’accent est bien plus mis sur les caresses et soins aux chevaux, la communication, que sur le volet équitation pure. Et bien sûr, la compétition n’a pas sa place.

Ce qu’elle apprend avec ses chevaux, Nathalie l’adapte à ses chiens, et aux chiens des personnes qui viennent lui confier leurs difficultés. Elle retisse les liens, pour un bien-être partagé entre humain et animal, et une paix retrouvée.

Au fil des années, Nathalie a étendu son accueil à des publics plus larges : enfants en situation de handicap, diagnostiqués autistes ou sujets à des troubles du comportement, en situation difficile. Avec ses animaux, elle apaise, elle réconcilie, elle montre une autre manière d’être parmi les vivants et de trouver sa place. Prochainement, elle espère poursuivre son aventure avec des groupes d’adultes. Elle s’est relancée dans des travaux d’aménagement pour accueillir ses futurs hôtes qu’elle attend pour l’été 2022.

En savoir plus : https://www.la-petite-ecurie.com/

 

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