Saint-Laurent-sur-Oust. Claude Delock, le Provençal devenu Breton, rêve « La maison Bretagne »
« On ne naît pas Breton, on le devient ». Cette maxime de Xavier Grall, ancien journaliste et poète breton, Claude Delock en a fait sienne. Rien d’étonnant donc à ce que celui qui est né et a grandi en Provence projette aujourd’hui de publier un livre de photographie intitulé La maison Bretagne.
La Bretagne, il l’a d’abord découverte par des mots énoncés à voix basses. C’était en pleine nuit, dans les hauteurs brumeuses de la Montagne Noire, séparant l’Aude du Tarn. « Ainsi ai-je découvert la région, confie Claude Delock. Pour me tenir éveillé. » Il a alors une vingtaine d’années. Engagé dans l’armée, comme parachutiste, à Carcassonne, il fait équipe avec Yann Cadiou, « mon premier binôme, mon premier compagnon de chambre », originaire de Concarneau. Lors des longues manœuvres nocturnes, « pour garder les yeux ouverts », celui qui devient son ami lui raconte « sa Bretagne ». Cela passe naturellement par une description de la cité fortifiée concarnoise, « son village de pirates comme il aimait à l’appeler ». Puis viennent les musiques. « C’est ainsi que j’ai connu Tri Yann et Alan Stivell », sourit Claude. Et bientôt, les légendes. « Brocéliande, Merlin, la fée Viviane… Je me souviens avoir été littéralement absorbé par tout ça. Sans vraiment savoir pourquoi. »
« Moi qui aurais dû épouser une Arlésienne, je suis finalement retrouvé avec une Bigoudène ! »
Ce Provençal, qui a évolué entre le Vaucluse et le Gard, est alors loin de se douter qu’il quittera son sud natal pour s’installer définitivement en Bretagne, une vingtaine d’années plus tard. « Moi qui aurais dû épouser une Arlésienne, je me suis finalement retrouvé avec une Bigoudène, rit-il. C’est elle, mon guide, mon hermine, qui m’a mené ici ». En effet, au fil des années, sa compagne, Emmanuelle, s’est progressivement rapprochée de ses racines bretonnes, héritées par son père. Enfant, elle avait même été scolarisée pendant un an à l’école Diwan, dans la commune de Le Folgoët, dans le Finistère, d’où sa famille est originaire, et elle passait régulièrement ses vacances à Cancale, chez des amis. « Elle m’a dit qu’elle voulait y retourner pour retrouver ses racines, et pourquoi pas s’y installer. Moi, sans m’en rendre compte, je réalisais que je ne m’étais jamais vraiment senti chez moi quelque part. Alors je me suis laissé porter.» Avec leurs deux enfants, ils partent alors deux semaine sen vacances, dans la région d’Auray. Le déclic. « On est tout de suite tombé en amour de paysages ». Deux mois plus tard, ils prennent une décision radicale : tout quitter – leur maison, leurs repères, leur vie méridionale – pour commencer une nouvelle vie en Bretagne.

C’est ainsi qu’en 2014, Claude et sa famille atterrissent à Berric, où ils commencent par louer un gîte. Quelques mois plus tard, ils posent leurs valises à Limerzel, avant de s’installer à Saint-Laurent-sur-Oust, où ils résident aujourd’hui. Photographe de concerts, Claude prend alors plaisir à explorer la région. Appareil photo à la main, il ne peut s’empêcher, au fil de ses escapades, d’immortaliser ces bâtisses qui attirent son regard : un manoir endormi, une jolie longère baignée de lumière, une chapelle oubliée dans un creux de vallon. Des lieux que l’on ne voit pas forcément, mais que Claude a à cœur de révéler, de sublimer.
Un projet de livre consacré aux trésors architecturaux
Celui qui est aujourd’hui accrédité photographes sur des festival de Renom, comme Au Pont du Rock ou le Hellfest, a désormais pour projet de publier un livre consacré à ces trésors architecturaux. « Châteaux, manoirs, longères, églises, chapelles… J’ai sélectionné 75 clichés. L’idée, c’est de faire découvrir au public des lieux chargés d’histoire, mais souvent absents des cartes touristiques. » Parmi eux : le château abandonné du Bois-du-Loup à Augan, niché au sein du camp militaire de Coëtquidan, et entouré de trois arbres remarquables ; le château de Villeneuve à Pleucadeuc, dont le parc de 160 hectares est ceint d’un impressionnent un mur de cinq kilomètre de longueur ; les Tours d’Elven, vestiges du Moyen-Âge marqués par des combats d’importance lors de la chouannerie ; ou encore une petite maison à l’abandon, toujours située sur la commune d’Elven, qui a de nombreuses similitudes avec le château de Trédion, situé non loin.

Dans son projet de livre, chaque photo est accompagnée d’un court texte, mêlant un aperçu historique et, parfois, quelques anecdotes glanées au fil de ses recherches ou de ses rencontres. L’ensemble compose un ouvrage singulier, sensible et profondément enraciné, que ce photographe autodidacte a choisi d’intituler La Maison Bretagne, comme une déclaration d’attachement à cette terre qu’il a adoptée.
« J’ose croire qu’aujourd’hui, il est là, quelque part… »
« On ne naît pas Breton, on le devient, à l’écoute du vent, du chant des branches, du chant des hommes et de la mer », écrivait Xavier Grall. Une phrase qui résonne profondément chez Claude Delock, et qu’il aime s’approprier, non sans émotion. Impossible, pour lui, de ne pas penser à son compagnon de route, ce frère d’armes qui lui avait, les soirs de manœuvres, ouvert les portes d’une Bretagne contée, rêvée. « J’ose croire qu’aujourd’hui, il est là, quelque part, dans le souffle du vent, le chant des branches, celui des hommes, et de la mer… Et que moi, peut-être, j’ai eu la chance de devenir Breton. »
A savoir : Pour que Claude Delock puisse concrétiser l’impression de son livre La maison Bretagne, il a besoin de pré-commandes. Pour l’aider, il suffit de vous rendre sur la plateforme de financement participatif : Kengobzh.