Hommage à Henri Morvan, le dernier des « Frères Morvan »

La Bretagne a perdu ce week-end l’un de ses plus grands chanteurs traditionnels. Henri Morvan s’en est allé à l’âge de 93 ans, dans la ferme familiale de Saint-Nicodème, là même où avec ses frères, il avait fait naître une légende vivante du kan-ha-diskan.
Henri, François, Yvon et Yves… Ces quatre frères paysans, enracinés dans le terroir des Côtes-d’Armor, ont porté la langue bretonne dans leur souffle, dans leur voix, dans leur cœur. Pendant plus de soixante ans, ils ont fait danser toute la Bretagne, du plus petit fest-noz de campagne aux grandes scènes des Vieilles Charrues, du Bout du Monde ou encore de Yaouank.
Chemises à carreaux, casquettes vissées sur la tête, et ces sourire à la fois malicieux et sincères : telle l’image que l’on gardera des Frères Morvan, emblématique et pourtant si familière. Ils étaient à la fois les gardiens d’une tradition millénaire et les passeurs infatigables d’un art populaire, ancré dans l’oralité et dans la terre. Avec eux, le kan-ha-diskan ne relevait pas du folklore figé : il était joyeux, fédérateur, vibrant et bien vivant.
Henri était le dernier à porter cette voix fraternelle. Avec lui, c’est une page de notre culture qui se tourne. Quelle page, quelle œuvre ! Avec plus de 3 000 concerts à leur actif, avec Yvon, il avait même reçu le titre mérité de « Commandeur des Arts et des Lettres ».
Mais la plus belle des reconnaissances restera surtout celle des milliers de visages qu’il a illuminé, celle de ces innombrables silhouettes qu’il a emporté dans la danse, encore et toujours au rythme de la langue bretonne.
Aujourd’hui, je tiens à saluer la mémoire d’un homme que je sais profondément humain, simple, généreux, et qui, avec ses frères, aura profondément marqué notre patrimoine culturel breton. Leur empreinte sera indélébile.
Les Frères Morvan ne sont pas seulement une page d’histoire : ils sont un symbole, une source, un héritage. Leur voix continuera de résonner les festoù-noz, et dans nos cœurs.
Trugarez vras deoc’h, Henri. Kenavo Aotrou Bras.