Newsletter Eté 2025 : l’éditorial

Majorité relative :  l’Assemblée retrouve des couleurs »

« Nous vivons à l’Assemblée nationale une période politique singulière. Depuis les dernières élections législatives, aucun groupe ne détient à lui seul une majorité. Cette configuration rend l’action parlementaire moins lisible pour nos concitoyens et plus difficile à décrypter pour les médias, qui s’intéressent souvent davantage aux postures qu’aux textes.

« Le travail parlementaire se poursuit »

Dans ce contexte, les déclarations outrancières, les alliances de circonstance ou les ruptures théâtrales captent l’attention. Certains cherchent à se faire un nom en espérant que l’écho médiatique se substituera à la vacuité de leurs propositions. Mais ces éclats éphémères sont rarement suivis d’effets.

Pourtant, au milieu de ce tumulte, le travail parlementaire se poursuit. Il peut paraître moins ambitieux, parfois laborieux, mais demeure utile. J’ai la conviction qu’un compromis, même imparfait, vaut mieux qu’un affrontement stérile. Cela ne veut pas dire céder sur tout, mais comprendre que dans une démocratie vivante, avancer ensemble nécessite de trouver un terrain d’entente.

« Des textes importants ont vu le jour »

Des textes importants ont vu le jour grâce à notre fonctionnement institutionnel actuel. Je pense par exemple à la loi sur les déserts médicaux, qui introduit une régulation plus stricte de l’installation des médecins dans les zones sur-dotées, malgré l’opposition du Gouvernement et de l’Ordre des médecins. De même, nous avons adopté un moratoire sur les fermetures de petites maternités, un signal fort pour les territoires trop souvent laissés pour compte.

Ces avancées n’auraient peut-être pas été envisageables dans une configuration plus centralisée. Le pouvoir de négociation que nous confère cette majorité relative redonne aux députés leur rôle fondamental : celui de représenter le peuple, au-delà d’être le relais des instructions d’un exécutif.

« L’espace est là »

L’Assemblée retrouve ainsi des couleurs, des débats, des clivages aussi – c’est sain – mais surtout, une capacité retrouvée à porter des textes émanant d’en bas, du terrain, plutôt que d’en haut. Il faut le reconnaître, tout le monde ne joue pas ce jeu. Certains continuent d’attendre que leurs états-majors tracent la voie. Mais l’espace est là, pour celles et ceux qui veulent réellement peser sur les décisions.

Le gouvernement, que d’aucuns prédisaient condamné à brève échéance – « il ne passera pas le printemps » disait-on – est toujours en place. Saura-t-il utiliser ce temps pour engager les réformes structurelles que notre pays attend ?

Réduire la dette, simplifier notre organisation administrative, renforcer l’efficacité de l’action publique… Le défi est immense. Mais il ne pourra être relevé qu’à une condition : reconnaître au Parlement sa mission législative, son rôle moteur dans le débat d’idées et la construction de décisions partagées. »

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