Le mépris de la droite pour les langues régionales
La majorité de droite sénatoriale vient de bloquer le processus de ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. L’article 89 de la Constitution édicte que pour réunir le Congrès, le Sénat et l’Assemblée nationale doivent avoir adopté le même texte. Le Sénat en adoptant une motion de rejet par 179 voix contre 155 bloque ainsi le processus.
Les sénateurs de droite ont appliqué les consignes de leur chef Nicolas Sarkozy qui refuse de ratifier la Charte par idéologie. 134 sénateurs des Républicains (ex-UMP) ont voté contre la Charte sur 144, dont les élus de Bretagne administrative Dominique De Legge et Michel Vaspart. 33 centristes de l’UDI sur 42 ont voté contre la Charte. Par contre tous les sénateurs socialistes, communistes et écologistes, sans exception, ont voté pour la Charte.
Cette réaction de la droite n’était pas prévisible il y a encore quelques mois, mais il semblerait bien que ce soient les petites combines politiciennes qui l’aient emporté. La Chambre qui est censée représenter les territoires fait preuve d’un aveuglement et d’un mépris pour ce qu’est réellement la France : un pays pluriel fort de ses différences, de ses langues et de ses cultures. Les arguments utilisés comme celui du communautarisme blessent des centaines de milliers de Français qui parlent au quotidien leur langue régionale. Ils montrent que la droite ne sait plus que courir après l’extrême-droite et son nationalisme étroit. Nos langues n’ont jamais été une menace pour qui que ce soit. Ce sont des instruments de cohésion sociale, de culture bien vivante et d’ouverture au monde.
La déception ne doit cependant pas nous décourager. Ce rejet au Sénat n’est en aucun cas massif. On sait aussi que l’Assemblée nationale avait voté à 70 % pour la ratification de cette Charte. Néanmoins, la France apparaît comme isolée internationalement, conservatrice voire réactionnaire. La France a mis 60 ans de plus que le Royaume-Uni pour reconnaître les syndicats, 26 ans de plus pour donner le droit de vote aux femmes. Elle ratifiera la Charte et reconnaîtra nos langues de Bretagne, le breton et le gallo.
Continuons le combat pour elles !