Christian Sevestre : le goût du grand air et des relations humaines
Éducateur technique spécialisé, Christian Sevestre dirige la Ferme du Monde, un lieu qui, depuis 20 ans, fait l’émerveillement des petits comme des grands. Un parc ouvert au monde, ouvert à l’autre.
L’amour de la terre et l’envie de partage
Originaire et habitant de Tréal, Christian Sevestre est fils et petits-fils de paysans. Cultiver la terre, s’occuper d’animaux était une voie toute tracée, qu’il a prise avec des détours et selon une direction qu’il n’aurait pas imaginée. Après des études en filière agricole au lycée La Touche de Ploërmel, il travaille pendant 5 ans comme salarié dans un élevage laitier et porcin.
Après cela, les projets sont flous : l’idée d’un stage à l’étranger avant une installation à son compte est court-circuitée par une annonce à laquelle il répond.
« Le CAT recherchait un moniteur d’ateliers Espaces verts. J’avais envie de voir autre chose, de découvrir un autre métier, mais en conservant un travail qui me permette d’être à l’extérieur. »
En 1990, il gère une équipe de six personnes avec laquelle il se rend dans les jardins des particuliers et des entreprises des environs de Carentoir. Une expérience qu’il approfondit très vite puisque, dans l’année qui suit, il décide de se former et de passer un diplôme en trois ans, « car travailler en CAT, donc avec des personnes handicapées, demande une approche différente ».
Justement, c’est la particularité de la relation qui lui plaît : « Il y a un vrai aspect humain. Ce sont des personnes qui ont plus besoin d’attention, de contact. La relation est au cœur de tout. »
Des espaces verts à la Ferme du Monde
Après 13 années dans les espaces verts, une nouvelle opportunité se dessine. Le responsable d’activité de la Ferme du Monde, structure créée en 1996 par Serge Temey, prend sa retraite . « Il fallait quelqu’un pour le remplacer, d’où mon idée de prétendre à ce poste. Mais pour cela, il fallait que j’aie toutes les cartes en mains. »
Apprendre ne l’effraie pas, bien au contraire. Il demande un congé de formation professionnelle et part se former comme soigneur animalier sur 10 mois dans le Lot. Là, il alterne les cessions en centres, les stages dans des zoos et les visites de parcs. « À 40 ans, j’avais besoin de changer d’horizon, mais aussi, du fait de mon passé agricole, je souhaitais retrouver le contact avec les animaux. »
En 2003, il devient responsable de la Ferme du Monde et poursuit la vocation du parc : éduquer à la nature, faire vivre le patrimoine paysan, inviter à découvrir les animaux d’élevages des 5 continents, le tout en valorisant le travail de personnels handicapés.
Une ouverture au monde, comme une ouverture aux autres
La Ferme du Monde n’est pas un parc animalier habituel, et c’est sans doute ce qui crée une telle cohésion et un tel engouement autour de lui. Il fait découvrir les animaux d’élevage : bovins, équins, ovins, caprins, porcins, camélidés, volailles, lapins et rennes ; et n’oublie pas les races typiquement bretonnes : la vache pie noire, le trait breton, le mouton d’Ouessant et les poules coucou de Rennes. Des bêtes à plumes et à poils qui fascinent les enfants, qui sont régulièrement accueillis autour d’activités dédiées : atelier découverte de la ferme, Autour de l’âne (« s’il le veut bien ! », indique-t-on dans la brochure, une manière déjà de montrer qu’il faut respecter l’être vivant que l’on côtoie), atelier Senteurs et saveurs confitures. Réapprendre le goût des bonnes choses, comprendre le milieu de la ferme, les savoir-faire d’autrefois, notre passé commun…
Ce qui fait aussi la réputation de ce parc, c’est qu’il est une entreprise de travail adapté, la plupart des tâches étant assurées par des personnels handicapés. En écho à cette vocation, pour ses 20 ans, le parc accueillera le festival HandiStars, les samedi 25 et dimanche 26 juin. Des artistes en situation de handicap s’y produiront pendant deux jours.
« Pour les gros événements, des bénévoles viennent nous aider : des travailleurs et des encadrants retraités, mais aussi des habitants des environs. Nous avons aussi la chance d’être soutenus par la Mairie de Carentoir, qui se montre toujours disponible pour un coup de main. »
Parmi les bénévoles qu’il fédère, il y a aussi des artistes, comme Isabelle Delort « qui a rénové tous les personnages du village breton. Cela a été un énorme travail » ou Joël Oger, qui a réalisé la libellule à l’entrée du nouvel espace du parc. Beaucoup mettent la main à la pâte pour entretenir la renommée du lieu, et soutenir son action.
Un atout pour le tourisme
La Ferme du Monde fait la fierté du pays de La Gacilly , et elle le lui rend bien. Elle est une belle réussite à laquelle Christian Sevestre est heureux de prendre part. « 25 000 à 30 000 visiteurs par an, cela fait parler de Carentoir. » Et la Ferme se renouvelle, avec toujours cette idée de mettre à l’honneur le travail des personnes handicapées : « La nouveauté de cette année est le Village des insectes. C’est le fruit d’une activité pensée et réalisée par les ateliers Espaces verts de l’Esat » (établissement de services et d’aide par le travail). 10 hôtels à insectes ont été fabriqués, en collaboration avec les IME de Montfort-sur-Meu et de Redon.
« La Ferme du Monde est ouverte vers l’extérieur, ouverte aux projets. Toutes les idées sont bonnes ! » conclut Christian Sevestre.