Réaction aux attentats de Nice et prorogation de l’état d’urgence
Je souhaite en premier lieu exprimer toute ma solidarité avec les familles des victimes et toutes les personnes présentes sur les lieux de l’horreur de l’attentat du 14 juillet à Nice. La barbarie a une nouvelle fois frappé, voulant mettre à mal la démocratie et nos modes de vie.
L’ambiguïté du profil du terroriste le rendait difficilement détectable pour les services de sécurité et de renseignements. Il s’agissait surtout d’une personne désorientée et violente qui a voulu se trouver, sur le tard, une justification dans les appels aux meurtres djihadistes. En fait, il s’agit essentiellement d’un déséquilibré dont les motivations sont loin d’être limpides, même si des liens avec des islamistes semblent surgir.
Toutefois, l’état d’urgence est-elle la bonne et unique réponse face à ce type d’attaques, et de manière générale, sa prolongation indéfinie est-elle une mesure nécessaire face une menace qui sera présente pour de nombreuses années ? Si celle-ci peut permettre de sauver ne serait-ce qu’une vie, alors oui elle en vaut la peine. Mais il convient de savoir sortir de cet état d’urgence, et de retourner à un fonctionnement normal de nos institutions. Qui dit normal ne dit pas plus faible, puisqu’entre temps la législation et les moyens alloués pour lutter contre le terrorisme ont étés renforcés.
Ainsi, les prolongations initiales de l’état d’urgence avaient notamment pour raisons d’avoir le temps d’adapter notre arsenal juridique à l’installation dans la durée de cette menace terroriste. Or, celui-ci est désormais en place, même si l’ensemble de la réorganisation des services et des prises de poste des effectifs supplémentaires, n’est pas encore totalement effective. Comme le disait d’ailleurs le Président de la Commission des Lois de l’époque, Jean-Jacques Urvoas : « adopté pour faire face à une menace imminente, une législation d’exception doit être limitée au strict nécessaire, ciblée pour une précision suffisante et ne présenter qu’un caractère temporaire. » Il va donc bien falloir sortir un jour de l’état d’urgence, qui on l’a bien vu, ne pourra pas permettre d’annihiler tous les attentats. Or cette réflexion est repoussée, pour des raisons évidentes, qui se respectent par ailleurs, visant à ce que la protection de nos citoyens passe aussi par le besoin de rassurer sur le fait que le maximum est réalisé pour lutter contre le terrorisme. Aujourd’hui, ne nous voilons pas la face, l’état d’urgence est synonyme de protection renforcée dans l’esprit de nos concitoyens, alors que dans les faits, les mêmes mesures pourraient être mises en œuvre en dehors de celui-ci. Prolonger l’état d’urgence indéfiniment au gré des attentats qui ne manqueraient pas de survenir dans les prochaines années, ne constitue par ailleurs pas une protection à toute épreuve contre les terroristes, qui ont pu frapper alors que celui-ci était encore en œuvre.
Sur le scrutin solennel pour proroger l’état d’urgence de six mois, je n’ai donc volontairement pas pris part au vote final sur cette prolongation, estimant qu’elle n’est qu’une réponse incomplète à la situation à laquelle nous devrons faire face dans la décennie à venir. Il s’agit surtout de se concentrer sur les moyens concrets alloués dans la durée à la lutte contre le terrorisme, que cela soit en termes humains (recrutement et formation), financiers, technologiques ou matériels herses par exemple). Il s’agit aussi de continuer à fermer les salles de spectacles et lieux de réunion de toute nature, dont les lieux de cultes, par le ministre de l’intérieur, pour l’ensemble du territoire où est institué l’état d’urgence est une mesure qui s’applique, comme cela s’est déjà fait depuis près d’un an contrairement à ce que veulent faire croire certains milieux d’extrême droite.
Il convient donc de continuer à rester vigilant, sans pour autant tomber dans la polémique politicienne, les divisions et la surenchère qui viendrait mettre à mal l’Etat de droit, piège dans lequel les terroristes seraient ravis de nous voir tomber. Détermination sans faille dans la lutte contre les barbares, et responsabilité vis à vis de la menace pesant sur les citoyens et les institutions démocratiques, doivent être les maîtres mots pour sortir vainqueur de ce douloureux défi que nous affrontons.