Mauron : grâce au GBO, le Doueff a retrouvé son lit
A l’invitation du Grand Bassin de l’Oust, j’ai participé à un échange faisant suite à une visite des travaux de renaturation et de diversification de la rivière du Doueff, organisée à Mauron en partenariat avec la Fédération de pêche du Morbihan.
Qu’est-ce que la renaturation ? Elle désigne les processus par lesquels les espèces vivantes recolonisent spontanément un milieu ayant subi des perturbations écologiques. Elle recouvre de ce fait des opérations d’aménagements restauratoires ou de gestion restauratoire, puis conservatoire consistant à restaurer le bon état écologique et paysager d’un site que l’on estime dégradé par les activités humaines, parfois d’événements naturels tels que des glissements de terrain ou des inondations, ou encore par l’absence de certains animaux.
Les conséquences néfastes du remembrement
Concernant le Doueff, affluent de l’Yvel traversant la commune de Mauron, cette volonté de renaturation a consisté à faire retrouver à la rivière son lit d’origine, c’est-à-dire celui qu’elle occupait avant le remembrement. En effet, dans les années 1960, pour accroître la rentabilité des cultures, l’homme a choisi d’augmenter la taille des parcelles grâce à des travaux connexes, notamment par l’arasement de haies et de talus boisés. Dans une logique avant tout productiviste, le cours de nos ruisseaux a été bouleversé et on a recreusé leur lit d’une façon rectiligne, supprimant les méandres, ces sinuosité très prononcée des cours d’eau. Une stratégie qui a eu pour conséquence de mettre à mal la vie piscicole mais qui a aussi contribué à accélérer l’écoulement des eaux. Or, on mesure aujourd’hui, notamment en raison de la sécheresse persistante qui sévit, toutes les conséquences néfastes de cette politique.
L’implication de différents acteurs
Cette initiative, menée par le Grand Bassin de l’Oust, répond aux directives européennes imposant la restauration du bon état de la ressource en eau. Grâce à lui, le Doueff, que l’on avait réaménagé de manière rectiligne, sillonne désormais les prairies, comme cela était le cas avant le remembrement. Des travaux qui ont été menés grâce à l’établissement d’un contrat mobilisant l’intervention technique et financière de l’agence de l’eau, des Conseils départementaux et du conseil Régional de Bretagne. Il concerne, au total, 23 commune du Morbihan, de Ploërmel à Mauron, des Côtes d’Armor et d’Ille-et-Vilaine.
Cette restauration devrait impacter positivement l’état du Lac au Duc. Mais, pour ce faire, celle-ci a nécessité un lourd travail de recherche, notamment archéologique, de la part des techniciens du Grand Bassin de l’Oust. Dans ce cadre, la Fédération de pêche s’est imposé comme partenaire privilégié, d’autant plus qu’elle agit directement à la préservation de l’équilibre naturel du réseau hydraulique en réaménagent des cours d’eau.
Des progrès notables
Grâce à ce type d’action, la qualité de l’eau s’améliore en Bretagne. Rendez-vous compte : il y a 10 ans, le taux de nitrate équivalait à 70 mg. Or, aujourd’hui, il est inférieur à 40. A croire que la région deviendrait même exemplaire en la matière. Mon collègue, Thierry Burlot, vice-président chargé de l’environnement, eau, biodiversité et climat à la Région, présent lors de cette visite, a même osé parler de « révolution bretonne » tant les progrès sont notables.
Pour ma part, je suis convaincu que si de tels progrès ont été rendus possibles, c’est avant-tout grâce à l’esprit fédérateur de notre région. Car, en Bretagne, on est capable de se rassembler pour régler des problèmes d’avenir ; et cela va encore continuer.