Visite officielle en Irlande
J’ai fait partie d’une délégation composée du Premier ministre Manuel Valls, du secrétaire d’État aux Affaires européennes Harlem Désir et de la secrétaire d’État au Numérique Axelle Lemaire en visite officielle en Irlande leS jeudi 23 et vendredi 24 avril, en tant que Président du groupe d’amitié France-Irlande de l’Assemblée nationale.
Cette visite officielle a été l’occasion pour moi de rencontrer le jeudi soir à l’Ambassade de France la Vice-Premier ministre et ministre de la protection sociale irlandaise, Mme Joan Burton, ainsi que les principales personnalités politiques du Labour, du Fiana Fail et du Fine Gael en vue d’échanger sur la perception de l’Irlande sur les relations bilatérales, la situation en Europe, les perspectives de croissance dans la zone euro et les prochaines grandes étapes européennes. Ces interlocuteurs irlandais ont fait savoir qu’ils espéraient un plus grand rééquilibrage social au sein de l’Union européenne et que la France avait son rôle à jouer dans ce domaine. Ils ont également fait part de leur grande inquiétude quant à un possible référendum au Royaume-Uni, leur premier partenaire économique, sur une sortie de l’Union européenne.
Le lendemain, j’ai rencontré au Dáil Éireann (chambre basse) mes homologues parlementaires irlandais membres du groupe d’amitié avec la France, dont son président, le député de Cork David Stanton. Cette visite aura permis de mettre en valeur le rôle important des nationalistes irlandais dans la construction du pays (Michael Collins, Eamon de Valera, Cathal Brugha, Constance Markiewicz…). Un échange a pu avoir lieu sur la commémoration l’année prochaine du centenaire de l’Insurrection de Pâques 1916 (Easter Rising), ainsi que de celle de la Bataille de la Somme, durant laquelle nombre d’Irlandais ont péri. Les sujets économiques ont également été évoqués, notamment ceux ayant trait à l’agroalimentaire et aux spiritueux.
Dans la continuité des contacts noués en tant que Président du groupe d’amitié depuis juin 2012, particulièrement lors de la venue du Président irlandais Michael Higgins au dernier Festival interceltique de Lorient (FIL), un échange particulier s’est déroulé sur la Bretagne, que bon nombre de parlementaires irlandais membres du groupe d’amitié connaissent bien pour y avoir fait des séjours réguliers, en particulier lors du FIL. Ils ont souligné les liens forts liés à la culture celtique entre la Bretagne et l’Irlande que cette rencontre aura permis de renforcer également sur le plan politique.
La journée s’est poursuivie par la visite du Trinity Collège, qui a permis de saisir à quel point la culture écrite post-romaine est demeuré très forte dans les îles britanniques avec la réalisation de manuscrits enluminés qui font aujourd’hui l’admiration des spécialistes. Le rôle de ce christianisme celtique, primordial dans la conservation et la propagation des écrits des auteurs grecs et latins ainsi que des contes bardiques celtiques, est en effet trop souvent oublié. Le Livre de Kells, clou de la visite, est un des modèles d’ouvrage de cette époque faste pour le christianisme celtique.
La visite à Dublin s’est achevée par un déjeuner le vendredi midi avec des investisseurs irlandais en France. Les discussions ont tourné autour des problématiques de droit du travail, d’impôt sur les sociétés et de règlementations. Certains ont pu faire remarquer l’absurdité économique de voir qu’ils fabriquent en France du matériel qui était concurrencé par des entreprises françaises qui elles se contentent d’importer des produits chinois. Ils ont également mis en avant l’exemple à suivre du modèle social français s’appuyant sur une école de qualité et un niveau élevé de sécurité sociale, à rebours des modèles américain ou britannique. Ils ont en effet souligné en particulier les à-coups de l’économie américaine faite d’expansions et de dépressions et apprécient la régularité du modèle français qui entraîne une plus grande sûreté sociale.
Contrairement à ce que l’on pouvait peut-être attendre, ce n’est donc pas un discours ultra-libéral qui est mis en avant par ces grands patrons investissant à l’étranger, probablement échaudés par la grave crise économique dont se relève enfin l’Irlande. Voilà donc un encouragement clair à maintenir en France un modèle social protecteur, bien loin d’être un frein au développement économique et à l’attrait des investissements étrangers.