Bretagne. Irène Frachon reçoit le Collier de l’Hermine
Le Collier de l’Hermine honore, en Bretagne, les personnalités qui œuvrent pour son rayonnement culturel. Chaque année, ce symbole de l’Ordre de l’Hermine est remis à quatre personnalités – de toutes nationalité – lors d’une prestigieuse cérémonie organisée en Bretagne historique.
Cette année, c’est à Argentré-du-Plessis, en Ille-et-Vilaine, que s’est déroulée cette remise très solennelle. Ont ainsi été mis à l’honneur quatre nouveaux « Herminés » : Irène Frachon, Lukian Kergoat, Saïg Jestin et Éamon Ó Ciosáin.
Saluée par des applaudissements très nourris, la célèbre lanceuse d’alerte et pneumologue Irène Frachon a reçu un collier de l’Hermine. Brestoise d’adoption, elle a révélé le scandale sanitaire du Mediator, un médicament coupe-faim qui a causé le décès de 1 500 à 2 100 personnes, sans compter celles qui souffrent encore aujourd’hui des conséquences des effets secondaires.
La médecin a confié lors de la cérémonie avoir décliné la Légion d’honneur « par cohérence » mais être très « touchée » par cette décoration-ci. « Elle me rapproche d’un monde que je côtoie, que je respecte, qui m’a soutenue. »
Lukian Kergoat – Linguiste et universitaire, connu pour son engagement en faveur de la langue bretonne qui, selon lui, « se doit d’être moderne ». Ancien directeur du département de breton de l’université Rennes, il a beaucoup travaillé pour actualiser et développer l’enseignement du breton , notamment pour organiser le vocabulaire spécialisé dont avaient besoin les maîtres d’école et les professeurs.
Saïg Jestin, surnommé le « médecin des talus », a lui aussi été distingué. Sensibilisé par les inondations finistériennes des années 1970, il plaide depuis des décennies pour leur reconstruction après que nombre d’entre eux ont été détruits lors du remembrement.
Le dernier récipiendaire est né loin de la Bretagne : il s’agit de l’Irlandais Éamon Ó Ciosáin. Professeur de breton et de français à Dublin, ayant vécu à Rennes, il considère la Bretagne comme sa « seconde patrie » et a fait, durant sa carrière, le pont entre les deux cultures celtiques. « Il faut donner à la langue bretonne une dimension internationale pour qu’elle soit une langue comme les autres », a-t-il insisté.
Le saviez-vous ? Créé en 1381, l’Ordre de l’Hermine est l’un des plus anciens parmi les ordres militaires et honorifiques d’Europe. Sa fondation par Jean IV, duc de Bretagne, affirme la prééminence ducale sur l’ensemble de la noblesse et une volonté d’unité autour du souverain.
L’Ordre présentait la particularité d’être ouvert aux femmes et aux roturiers. La première chevaleresse fut Jeanne de Navarre, suivi de Jeanne d’Albret, comtesse de Richemont, et en 1447, Isabeau d’Ecosse, duchesse de Bretagne.
Comme tous les ordres de chevalerie, l’Ordre de l’Hermine fut aboli à la Révolution Française et le dernier collier, qui ornait la tombe de Jean IV dans la cathédrale de Nantes, détruit.
En 1972, lorsque le sénateur Georges Lombard succéda à René Pleven à la tête du Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons (Celib), il eut, pour lui exprimer sa reconnaissance de toute la Bretagne, l’idée de remettre à l’honneur cette distinction. Ce collier fut remis à René Pleven le 29 septembre 1972.
Depuis 1988, l’Institut culturel de Bretagne succéda au CELIB afin de perpétuer cette tradition qu’est d’honorer des personnalités – femmes ou hommes – ayant contribué au rayonnement de la Bretagne.