Conférence humanitaire pour le processus de paix au Pays Basque

La Conférence humanitaire pour la paix au Pays Basque s’est tenue à l’Assemblée nationale ce jeudi 11 juin, Les prises de parole d’acteurs politiques, sociaux, syndicaux, religieux, locaux et internationaux de tous bords ainsi que des victimes se sont enchaînées démontrant l’importance de la reconnaissance de toutes les victimes et de l’engagement indispensable des États français et espagnol.

PaysBasquye130615Marc Gentilini, président honoraire de l’Académie de médecine et de la Croix-Rouge, Anaiz Funosas, présidente du mouvement civil Bake Bidea et Paul Molac, député breton ont ouvert la conférence.
Pierre Joxe (ancien ministre de l’Intérieur et de la Défense), soutien du processus, estime « qu’assez d’années ont passé pour que l’on puisse se pencher sur la question humanitaire. C’est ce qui paraît le plus urgent, le plus facile à mettre en œuvre« . Il rajoute que la paix au Pays Basque ne se réduit pas à la question humanitaire mais qu’il s’agit aussi « d’une question politique » et de désarmement.

« Des progrès accomplis lorsque les gens parlent  » 

Les élus du Pays Basque ont ensuite pris la parole tour à tour. Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental, remarque « les progrès accomplis lorsque les gens se parlent« . Il a terminé en invitant les Etats français et espagnol à participer au processus de paix.
La sénatrice, Frédérique Espagnac, est revenue sur les quatre années écoulées pour faire avancer la question basque dans le respect des « deux camps ».
Max Brisson, vice-président du Conseil départemental, a souligné que « toute solution est politique, le Pays Basque mérite une solution politique« .

La reconnaissance de toutes les victimes

Les prises de parole ont ensuite laissé place aux victimes dans un « processus de paix ». Pierre Hazan, ancien conseiller politique aux Nations Unies, s’est penché sur la question de la souffrance de toutes les victimes « qui est un point essentiel car la paix passe par la reconnaissance de toutes les victimes« . Il a donné les chiffres du gouvernement basque, rappelant le nombre de victimes et blessés durant le conflit ainsi que les plaintes pour torture, 5 500 au total. Asun Lasa s’est livrée à un témoignage émouvant concernant son arrestation et les tortures infligées par la Guardia Civile espagnole : « un calvaire qui laisse des traces toutes la vie« . Robert Manrique est une victime d’ETA, il a été grièvement blessé lors de l’attentat d’Hipercor en juin 1987 à Barcelone. Il a fait part de son témoignage. Il se consacre aujourd’hui à l’assistance des victimes.

À son tour, Brandon Hamber a insisté sur l’importance des témoignages des victimes, « cela fait partie de la résolution« . Le Directeur de l’Institut de recherche sur les conflits internationaux et sur la justice transitionnelle a développé l’expérience Sud-Africaine avec « Les commissions Justice et Vérité. »

Le rôle des détenus dans le processus de paix

Raymond Kendall, secrétaire général d’honneur d’Interpol, a introduit en qualifiant cette Conférence d’ »un grand espoir ». Gabi Mouesca, ancien détenu basque et président de l’Observatoire international des prisons (OIP) et co-président du comité des Droits de l’Homme au Pays Basque » a porté la question des détenus basques. Il a fait le point sur les conditions de détention actuelle : longues peines, problèmes de santé, Prison éloignées de 800 à 1 000 km de la famille des détenus, arrestations récentes d’avocats. Un constat a été dressé de l’expérience irlandaise à la réalité basque par Brian Currin, avocat, spécialiste des droits humains, de la transformation des conflits et des processus de paix.

PaysBasque2« Le succès viendra de l’engagement des États français et espagnol »

Enfin, Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme a insisté sur le fait qu’il est « plus difficile de faire la paix que de faire la guerre » pour cela « il faut rétablir un réel dialogue ». Aller de l’avant sans toutefois « faire comme s’il ne s’était rien passé« . Pour lui, la clef de la paix au Pays Basque passe « par la reconnaissance de toutes les victimes ».

La conclusion de la Conférence humanitaire pour la paix au Pays Basque a été donnée par Serge Portelli, magistrat et président de la chambre de la Cour d’appel de Versailles : « Le dernier conflit armé d’Europe occidentale est entré dans sa phase de résolution, le succès viendra de l’engagement des États français et espagnol.« 

Après la lecture de la « Déclaration Paris pour la paix au Pays Basque », les mots de Bertie Ahern ont clôturé cette rencontre. Il fut avec Tony Blair l’un des principaux artisans de la résolution du conflit irlandais.