Fin de vie : stop à l’hypocrisie !

Alors qu’une proposition de loi insuffisante sera bientôt examinée au Parlement sur la fin de vie, j’ai signé avec d’autres députés de mon groupe parlementaire une tribune demandant enfin la prise en compte de la légitime demande de l’autorisation du droit à mourir dans la dignité.

Il est temps d’agir et de légiférer courageusement ! Alors que, depuis lundi, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) est entrée dans sa grande semaine de mobilisation, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale va discuter ce mercredi une proposition de loi de Jean Léonetti visant à renforcer les droits des patients en fin de vie.

Ce texte, qui s’inscrit dans le cadre de la « niche parlementaire » du groupe UMP, ne fait que reformuler la loi du 22 avril 2005, du même auteur, relative aux droits des malades et à la fin de vie. Certes, lors de sa promulgation la loi dite « Léonetti » marquait une avancée importante en permettant le développement des soins palliatifs et la réduction considérable de l’obstination thérapeutique. Mais elle demeure bien insuffisante. Cette soit disant « nouvelle » proposition de loi n’apporte en réalité rien de nouveau aux patients en fin de vie. Elle s’appuie sur le rapport de la mission menée par le Professeur Sicard remis au Président de la République le 18 décembre 2012 qui préconise simplement une meilleure application de la loi de 2005. Des soins palliatifs, donc, encore et toujours ! Pourtant la pratique de l’euthanasie existe en France, pour le moment sous une forme hypocrite et 90% de nos concitoyens sont favorables à sa légalisation.

« Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Tel était l’engagement 21 du candidat François Hollande lors de la campagne pour l’élection présidentielle. Les défenseurs du droit de mourir dans la dignité, de l’aide active à mourir, dont nous faisons partie, s’en réjouissaient. Mais il faut désormais passer des paroles aux actes. Ne restons pas cantonnés à la législation actuelle, reformulée par une proposition de loi qui vise principalement à conforter la position de son auteur avant l’examen du projet de loi gouvernemental annoncé pour 2013. Surtout, ne nous enfermons pas dans des clivages politiques, ne nous enfermons pas dans des postures. Notre seul leitmotiv doit être d’apporter des réponses à nos concitoyens en fin de vie et qui souffrent.

Fin de vie : stop à l’hypocrisie !

offer-442904_640Aussi, nous considérons qu’il n’existe pas une réponse, mais plusieurs. Nous considérons que l’euthanasie active n’est pas la solution idoine, comme ne le sont pas les soins palliatifs. Nous considérons simplement que chaque individu est différent, que ses convictions et ses aspirations sont différentes et, donc, que ses volontés sont différentes. Si nous voulons répondre à ses attentes, il faut alors lui offrir le choix. Le choix entre les soins palliatifs, l’euthanasie active ou le suicide assisté. La légalisation de l’euthanasie, en Belgique par exemple, a d’ailleurs entraîné un développement des soins palliatifs, eux-mêmes souvent première étape avant l’aide active à mourir. Ainsi, nous pensons que chacun doit être libre de choisir comment il souhaite mettre un terme à ses souffrances, et de quelle manière il souhaite assurer sa dignité face à la mort.

C’est pourquoi, nous souhaitons la légalisation de l’euthanasie active et du suicide assisté ! Il conviendra, évidemment, d’instaurer des garde-fous : l’aide active à mourir ne doit être dispensée qu’à une personne atteinte d’une affection grave et incurable ; dont la souffrance physique ou psychique est établie, inapaisable, constante et insupportable ; et qui aura répété sa volonté à plusieurs reprises, sans pression extérieure. Une commission nationale sera également chargée de l’évaluation de l’application de la loi.

Ce sont nos propositions, nos souhaits pour un véritable accompagnement et un réel renforcement des droits des patients en fin de vie.

Paul Molac