Gilbert Thobie, « L’Outil en Main » Valoriser le travail manuel et le lien intergénérationnel
Président de l’antenne Estuaire de Vilaine de l’association nationale L’outil en main depuis septembre 2015, Gilbert Thobie est un homme discret. Il œuvre aussi ardemment qu’humblement pour contribuer à faire découvrir aux enfants de Férel et des environs les métiers manuels.
Une retraite au service des métiers manuels
Retraité depuis 2011, originaire d’Herbignac et marié à une Férélaise, Gilbert Thobie s’était promis de s’installer dans ses terres natales une fois sa vie professionnelle terminée. Il vit aujourd’hui à Férel, où il met à disposition de L’Outil en Main ses compétences en communication, en informatique et en organisation.
L’Outil en Main est une union nationale d’associations locales promouvant l’initiation aux métiers manuels et du patrimoine, par des gens de métiers bénévoles, retraités pour la majorité, « avec de vrais outils et dans le cadre réel d’un atelier ». Elle valorise ainsi le savoir-faire technique et met en relation les enfants avec les artisans retraités, créant un pont entre les générations.
Le choix du bénévolat
Gilbert Thobie s’est intéressé à l’association dès la création de son antenne locale en 2012 par Michel Guilloré. « Moi, je n’avais pas de métier, alors j’ai fait le choix d’être bénévole », explique-t-il sans se douter que son affirmation peut surprendre. Pourtant, il avait bien un métier : directeur d’une entreprise de matériel agricole, à Saint-Nazaire. « Pas un métier manuel, je veux dire. Je ne pouvais prétendre à être homme de métier. Je n’ai pas de savoir-faire professionnel manuel et concret à proposer aux enfants. » L’initiation aux métiers : voilà le but même de l’association où 33 animateurs, hommes et femmes, œuvrent toute l’année. Une initiation gratuite qui peut éveiller des vocations, mais qui se veut surtout une ouverture, un moment de partage, de découverte, une valorisation de la dextérité et des talents de chacun, que le participant ait 10 ans ou 70 ans.
Des objets faits main par les enfants
À Férel, dans l’antenne Estuaire de Vilaine ouverte aux enfants de la commune et des communes environnantes (Morbihan et Loire-Atlantique), on apprend : la pâtisserie et la cuisine, la plomberie, la décoration, la couture, la maçonnerie, la menuiserie, le jardin, la couverture, la métallerie, la peinture et l’électricité. Chaque enfant, entre 10 et 14 ans, garçon ou fille, découvre au fil de l’année tous les ateliers, à raison de trois séances de deux heures, sur trente semaines, de septembre à juin. « Nous accueillons 20 enfants par an, qui travaillent à deux avec la personne de métier qui les accompagne. On les laisse faire par eux-mêmes : ce sont bien eux qui fabriquent des objets. »
Parmi leurs réalisations, les objets individuels seront exposés lors des diverses manifestations. Ils font alors la fierté des enfants, des parents et des artisans retraités lors des portes ouvertes, sur les stands, ou pour la soirée de clôture de l’année pendant laquelle seront délivrés des certificats d’aptitude. Chaque « apprenti artisan » repart ce jour-là avec ses créations. Aux œuvres individuelles s’ajoute un travail collectif, auquel chaque jeune inscrit participe le temps d’une séance. « Cette année, c’est un muret élevé devant la salle où nous effectuons les ateliers. Cela a été validé par la Mairie : ce sont les enfants de L’Outil en Main qui font cette pièce de maçonnerie. »
Les idées ne manquent pas : « Dès que je vois des objets qui m’inspirent, pour des projets communs ou individuels, je prends des photos pour le proposer », ajoute Gilbert Thobie, qui conserve toujours son appareil photo par-devers lui.
Communiquer pour valoriser
S’il n’initie pas à un métier, Gilbert Thobie est sur tous les fronts de la communication. Pendant les ateliers, il prend des photos : pour créer un document-souvenir personnalisé à offrir en fin d’année à chaque enfant, mais aussi pour les expositions où il présente des pêle-mêle de clichés rappelant le travail mené. C’est aussi lui qui part à la recherche de sponsors : des entreprises locales qui pourraient effectuer un don et/ou donner du matériel. Leurs cartes sont aussi disposées sur ces grands tableaux réunissant les enfants des ateliers et les professionnels qui permettent leur mise en œuvre. Gilbert Thobie sensibilise également les collectivités et les élus pour obtenir des subventions.
« C’est pour cet aspect que je suis entré dans l’association, c’est cela que je pouvais apporter : la communication, la recherche de sponsors. » D’abord dans le bureau, puis élu vice-président, il est devenu président en septembre dernier quand Michel Guilloré a voulu laisser sa place. Pressenti pour cette responsabilité, il a laissé le poste vacant jusqu’au dernier moment, préférant qu’il revienne à un « homme de métier », comme il le dit. « Aujourd’hui encore, si quelqu’un d’autre veut prendre la présidence, je lui cède la place.
Le plaisir d’œuvrer dans l’ombre
Lui, ce qui lui convient, c’est de participer dans l’ombre à cette belle œuvre collective qui permet aux apprenants comme aux enseignants de s’épanouir, de créer ensemble. Les enfants développent leur dextérité, découvrent la matière, réalisent des ouvrages complets. Ils apprennent la valeur du travail bien fait, regardent différemment le patrimoine qui les entoure. Pour beaucoup, c’est l’occasion de déceler des capacités, des centres d’intérêt, mais aussi de gagner en confiance.
Et côté adulte ? « C’est aussi un moment convivial à partager. On se retrouve les mercredis pour installer les ateliers, on a le plaisir d’être ensemble. » Les gens de métier ont aussi beaucoup de bonheur à transmettre leur savoir-faire : le lien intergénérationnel est bénéfique aux deux parties, permettant aux uns de bien grandir et aux autres de bien vieillir.