Le différé d’indemnisation du chômage
QUESTIONS AU GOUVERNEMENT – Question écrite n°73542 au ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur le différé d’indemnisation du chômage.
Texte de la question
M. Paul Molac attire l’attention de M. le ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur le contenu de l’accord national interprofessionnel du 22 mars 2014 et plus précisément sur le différé d’indemnisation. Le syndicat des avocats de France (SAF) s’inquiète du contenu de cet accord relatif à l’indemnisation du chômage en ce qu’il annonce des régressions pour les droits des salariés privés d’emploi. Le SAF s’alarme plus particulièrement sur l’article 6 de cet accord relatif au différé d’indemnisation qui, hors licenciements pour motif économique, porte le différé d’indemnisation de 75 à 180 jours. Ce nouveau délai a vocation à s’appliquer à tous les salariés dès lors qu’ils perçoivent des indemnités de rupture au-delà du minimum légal. Or Pôle emploi fait notamment entrer dans le décompte des indemnités de rupture servant de base au calcul du différé, et ce de manière rétroactive, les dommages et intérêts (DI) perçus par les salariés lorsqu’ils contestent leur licenciement devant la juridiction prud’homale. Ainsi un salarié licencié qui obtiendra gain de cause dans le cadre d’une procédure prud’homale pourra se voir réclamer jusqu’à six mois de remboursement d’allocations chômage, sachant que ce maximum sera atteint dès l’obtention de 16 200 euros de DI. Le SAF craint que ce nouveau différé d’indemnisation Pôle emploi n’ait pour effet de dissuader les salariés de faire usage de leur droit, à savoir saisir le conseil des prud’hommes lorsqu’ils ont fait l’objet d’un licenciement injustifié. Pour le SAF, ce différé d’indemnisation génère une double atteinte aux droits des salariés : au droit d’accès au juge d’une part et au droit d’obtenir la réparation intégrale de son préjudicie d’autre part. Aussi il aimerait connaître les orientations du Gouvernement en la matière et savoir si la distinction entre indemnité versée par Pôle emploi et indemnisation octroyée par un juge pour réparer un préjudice peut être affirmée.