Le Télégramme : « Asile-immigration: Des députés bretons préfères sécher que s’abstenir »
Le Télégramme a publié le 24 avril un article dans lequel j’ai été interrogé quant au projet de loi sur l’asile et l’immigration qui a été voté dans la nuit de dimanche dernier. Cela m’a permis d’exposer mon point de vue sur ce texte pour lequel je n’ai jamais envisagé de voter pour. La volonté du Gouvernement de précipiter les débats à amener à siéger le samedi et le dimanche. J’avais donné consigne à une collègue députée de voter soit abstention ou contre en fonction de la prise en compte par le Gouvernement de certaines questions essentielles comme sur la question du délit de solidarité et du respect des droits humains fondamentaux. Le vote ayant eu lieu le dimanche soir contre toutes prévisions, celle-ci n’a pas pu porter ma délégation de vote et je me suis retrouvé à ne pas pouvoir voter sur ce texte dont certains points m’inquiètent.
Asile-immigration. Des députés bretons préfèrent « sécher » que s’abstenir
Dimanche, l’adoption du projet de loi asile-immigration a été marquée par un taux d’absentéisme inhabituel des députés LREM. En particulier en Bretagne, où certains parlementaires ont préféré rester dans leur circonscription plutôt que de s’abstenir.
Les députés bretons La République en Marche (LREM) ont-ils été gênés aux entournures par le projet de loi asile-immigration ? Adopté dimanche en première lecture, ce texte, porté par Gérard Collomb, s’est révélé un premier test pour jauger de la solidité du groupe LREM à l’Assemblée. Une formation à la composition hétéroclite, tenue par le finistérien Richard Ferrand.
À l’issue d’une semaine de débats houleux, un seul député LREM, Jean-Michel Clément, a osé « fronder » en votant contre le projet. Quatorze de ses collègues se sont abstenus. Le scrutin s’est aussi révélé marqué par un fort absentéisme des parlementaires LREM. Ainsi, seuls 212 d’entre eux y ont pris part sur les 312 membres du groupe. Soit un taux de 32 %. Pour mémoire, ils étaient 303 lors du vote d’adoption du projet de loi portant la réforme de la SNCF, le 17 avril.
Huit absents sur 19 « marcheurs »
En Bretagne, ce taux monte à 42 %. Huit députés sur les 19 « marcheurs » de la région n’étaient pas présents dimanche et n’ont pas donné de délégation de vote. Cet absentéisme bondit encore chez les anciens socialistes passés chez En Marche. Ainsi, dans le Morbihan, Gwendal Rouillard, Paul Molac (ex UDB) et Hervé Pellois ont « séché » le scrutin. En Ille-et-Vilaine, l’ancien PS François André était le seul absent parmi les six parlementaires LREM du département.
La faute aux débats qui se sont prolongés et ont décalé le vote au dimanche soir ? Pas seulement. « Être absent, cela revêt aussi une signification politique », concède Hervé Pellois, qui se serait abstenu s’il avait voté. « Je n’ai pas compris l’utilité de ce texte, explique l’ancien socialiste. J’ai rencontré de multiples situations difficiles dans mon parcours pour savoir que l’on ne peut pas tout traiter de manière rigide. Il faut des règles, c’est vrai, mais il faut surtout de l’humain ».
« Elle porte des points qui m’inquiètent »
Retenu en circonscription, Paul Molac, lui, avait donné délégation à sa collègue Delphine Bagarry de « voter contre ou de s’abstenir ». La députée des Alpes de Haute-Provence – qui s’est abstenue – n’a pas pu, pour des raisons techniques, porter la voix de Paul Molac. Une déception pour le Morbihannais qui précise : « Je n’ai jamais envisagé de voter pour cette loi car je ne vois pas trop son intérêt. Elle n’apporte pas grand-chose. Et elle porte quelques points qui m’inquiètent ».
« J’avais plein d’obligations », se justifie, de son côté, Éric Bothorel, un brin agacé. Le Costarmoricain assure que son absence « n’était pas calculée ». Qu’aurait-il voté ? « Si vous m’aviez appelé mardi (dernier), je vous aurais dit que j’allais m’abstenir. La suppression du délit de solidarité, dimanche matin, aurait pu me faire évoluer. Nous sommes sur un cheminement. Ce n’est pas simple. Les Républicains ont voté contre en disant que le texte était trop laxiste. La gauche a voté contre en disant qu’il était trop répressif. Finalement, on a peut-être atteint un point d’équilibre ». Tout est dans le « peut-être ».