Ruffiac. Le Gaec RBX Holstein : entre tradition familiale et innovation
Vous vous en doutez, j’ai l’occasion de rencontrer beaucoup de monde lors des nombreuses manifestations auxquelles je suis invité. C’est d’ailleurs, en plus d’apporter une certaine reconnaissance aux organisateurs qui œuvrent pour la cohésion sociale du territoire, ce qui me tient à cœur. Je garde ainsi un pied dans la réalité du territoire et tente de rester à l’écoute – autant que faire se peut ! – du monde qui m’entoure.
C’est ainsi qu’il y a déjà plusieurs mois, j’avais pris l’engagement auprès de la famille Rubeaux de venir visiter leur exploitation à Ruffiac. Un élevage familial spécialisé en vaches laitières de race Prim’Holstein.
Une histoire de famille et de passion
J’ai ainsi profité du départ de la 3e étape du Tour de France Femmes à La Gacilly pour tenir parole. À mon arrivée, j’ai été accueilli tout sourire par Gilles, le père, et Martin, le fils, 27 ans. Ce dernier a officiellement repris les rênes de l’exploitation familiale en 2020. Une fierté pour ce passionné, heureux de souligner qu’il incarne la quatrième génération d’éleveurs dans le petit hameau de La Hunnelaye. « Lui aussi est tombé dans la marmite tout petit », sourit son père.
Une véritable histoire de famille. Si ses parents, Gilles et Annie, l’ont accompagné dans les premières années, c’est désormais avec sa femme Victorine – originaire de la Meuse – que Martin dirige le GAEC RBX Holstein. Une rencontre qui ne doit rien au hasard : « On s’est connus grâce aux vaches », glisse-t-il avec sourire. Tous deux étaient alors membres de ce qui pourrait s’apparenter à « l’équipe de France des vaches laitières ».
En tant que préparateurs, les meilleurs animaux leur étaient confiés à l’approche des concours. Leurs bêtes affrontent alors les meilleures laitières des autres pays. Cet esprit de compétition qui ne les quittera plus. « Nous avons déjà participé 5 fois au Space et 2 fois au Salon de l’Agriculture », précise Martin, devant un mur couvert de médailles. « C’est à chaque fois un plaisir, ajoute Victorine, Et un vrai plus pour la renommée de l’exploitation ».
Un outil modernisé pour le confort des animaux et du travail
Désireux de moderniser ses outils de travail, le Gaec a investi, en 2021, dans un bâtiment d’élevage moderne, équipé de deux robots de traite. Le troupeau de 135 Prim’Holstein peut désormais se faire traire « en libre-service » : chaque vache s’y rend en moyenne 2,9 fois par jour, pour une traite robotisée d’environ 6 minutes 47. « Cela nous a permis de gagner en confort de travail, mais aussi en productivité : chaque vache produit en moyenne 12 000 kg de lait par an », précisent Martin et Victorine.
Pour Gilles, le père, l’évolution de l’outil est un choix judicieux. « Avec les robots, Martin et Victorine ont gagné en souplesse, en confort et en organisation. Cet investissement, aucun regret ! » Pour le reste, c’est-à-dire le travail des champs – 54 hectares de maïs, dont 35 désherbés en partie de manière mécanique – c’est la collaboration locale qui prime. En effet, le GAEC est membre de deux CUMA (Coopératives d’utilisation de matériel agricole), l’une dédiée au matériel, l’autre au salariat. « C’est ce qui nous permet de mutualiser les coûts et d’accéder à des outils que nous ne pourrions pas avoir seuls. » Une dynamique collective que partage pleinement Thierry Gué, maire de Ruffiac : « La commune compte encore une quarantaine d’exploitations. C’est une commune laitière, agricole, et donc solidaire. »
Une belle leçon d’optimisme
Parce que Martin et Victorine ne manquent ni d’idées, ni d’ambition, ils ont récemment réceptionné un nouveau bâtiment de stockage, destiné notamment à accueillir le fourrage. Particularité notable : la toiture est entièrement recouverte de panneaux photovoltaïques. « 90 % de l’électricité produite est revendue, et 10 % auto-consommée », explique le couple. Un choix stratégique : ces 10 % couvrent à eux seuls la moitié de la consommation annuelle de l’exploitation. Une recherche de performance énergétique qui vient se concilier à une certaine quête d’autonomie. « Mis à part la nécessité d’intégrer quelques compléments alimentaires, nous sommes autonomes à 100% du fourrage produit. »
Au-delà de la modernisation des outils ou des concours remportés, c’est surtout le visage d’une nouvelle génération d’éleveurs qui se dessine ici : des jeunes ancrés dans la tradition familiale, fiers de leur métier, et pleinement engagés dans une agriculture innovante, responsable et ouverte sur le monde. Une belle leçon d’optimisme pour l’avenir de notre ruralité.