Suspension de la taxe poids lourds : une solution d’apaisement qui ne doit pas cacher les défis à relever
Je salue une mesure d’apaisement nécessaire afin de ne pas pénaliser l’économie bretonne qui souffre d’une grave crise dans l’agroalimentaire et qui est handicapée par sa périphéricité. Cette taxe, qui peut s’apparenter à une prime à la centralité, s’avérait dans sa version actuelle, une menace pour l’aménagement équilibré du territoire breton. La piste des mesures d’exemption pour le monde agroalimentaire et de la pêche est à suivre, car elle prend en compte les difficultés éprouvées aujourd’hui par ces deux secteurs d’activité. Le dialogue, à la base de toute démocratie, permettra d’entrevoir des solutions.
Il conviendra également de s’assurer des investissements pérennes en faveur des infrastructures alternatives à la route (fret routier et maritime), aujourd’hui quasi inexistantes en Bretagne, afin d’aboutir à une véritable mesure de transition écologique. C’était le sens des amendements que j’avais défendus à l’Assemblée nationale.
Ne nous réjouissons toutefois pas trop vite, la Bretagne a encore de nombreux défis devant elle, en premier lieu celui de l’évolution de son modèle agricole. Car, aux mesures d’urgences doivent s’articuler des mesures de long terme pour garantir l’avenir de l’emploi en Bretagne. Il s’agira dès lors de moderniser les secteurs en difficultés avec le Plan agroalimentaire breton, et de développer la transformation des produits en Bretagne afin de s’assurer de plus grandes marges. Espérons que certains acteurs qui ont demandé avec vigueur la suspension de l’écotaxe, seront en mesure de pleinement participer à l’évolution du modèle économique breton qui fait peser de grandes contraintes en termes de coûts sur les producteurs.
Cette crise c’est aussi la crise d’un modèle d’organisation de l’État. Une région avec un pouvoir économique plein et entier assurerait un développement économique efficace. Sans de réels pouvoirs aux régions, le risque est grand de mesures déconnectées des réalités. La Bretagne doit pouvoir prendre en main son avenir. Gageons qu’une Bretagne disposant des capacités d’adaptation et d’expérimentation dans le domaine économique, tout en étant davantage consciente des difficultés qu’elle traverse mais aussi de ses atouts, aurait procédé différemment dans ces dossiers.