Taupont. Depuis la Pologne jusqu’à la Bretagne, Michel Guillemaud a marché pour la paix
Michel Guillemaud a toujours eu comme fil rouge de sa vie la solidarité et l’ouverture aux autres. En avril 2024, il a entrepris de marcher 2 300 km, depuis la Pologne jusqu’à la Bretagne (Taupont, près de Ploërmel, où il vit). Cette marche en autonomie, il l’a nommée « Marche pour la paix et l’Europe ». Elle a été sa manière concrète et symbolique de promouvoir des valeurs pacifiques et de partage. À travers l’acte simple de se déplacer à pied et de discuter spontanément avec celles et ceux qu’il croisait sur son chemin, il a incarné son message et ses intentions.
Depuis tout petit, c’était écrit…
Michel Guillemaud a grandi dans une ferme à Helléan. Celui qui a peut-être, comme il aime le dire, « juste traversé la rivière » pour aller vivre à Taupont, a été attiré par le voyage très tôt. « Élève, je m’intéressais particulièrement la géographie. Cela me permettait de découvrir d’autres paysages et cultures. » Enfant des années 60, il entend ses parents débattre de ce qui se passe dans le monde et rêve de pouvoir, un jour, « voyager et rencontrer des gens dans des pays où il est possible de vivre sereinement ». Il voit sa famille accueillir avec bienveillance des personnes sans domicile qui demandent l’hébergement. « Mes parents, oncles et tantes avaient un vrai engagement social de solidarité. L’entraide était une valeur rurale importante, et plus que cela, une manière d’être. »
Jeune adulte, il exprime cet état d’esprit en participant à un chantier humanitaire en Égypte (1986), dans une association qui soutient les habitants d’un bidonville du Caire. « Cela a été un choc culturel et humain. » L’année suivante, il part avec celle qu’il a rencontrée là-bas et qui deviendra son épouse, Sylvie, dans un autre projet solidaire international, au Togo.
Quand il s’installe à Taupont, le couple poursuit localement son engagement auprès de l’association Terre d’Accueil de Ploërmel (aujourd’hui AMISEP). Après des premiers pas professionnels dans la sculpture du bois, Michel change de voie et se reconvertit en éducateur spécialisé. Il termine sa carrière en IME, où il favorise l’insertion socioprofessionnelle des adolescents en situation de handicap. À sa retraite, en 2019, il envisage de réaliser une action symbolique en faveur de la paix.
Marcher pour la paix, pour la démocratie, pour la liberté…
« Mon souhait de marche pour la paix est né de mes valeurs pacifiques. Je crois profondément à la liberté, à la démocratie, à la justice et au droit. Je crois au fait de placer l’humanité avant toute chose et de considérer également tous les êtres humains sans distinction. Je dis souvent que le passé se lit et que l’avenir s’écrit, que ce second aspect est de notre responsabilité. »
En marchant avec son seul sac à dos, Michel est allé à la rencontre des gens, en toute simplicité. « Je voulais ressentir la réalité de leur vie et de leurs préoccupations, évoquer avec eux leur quotidien au sein de l’Europe, et être témoin de tout ce qu’ils souhaiteraient partager. » Pendant ses cinq mois et demi de marche, il saisit les nombreuses occasions d’entrer en contact avec les personnes qu’il croise : trouver son chemin, demander l’autorisation d’installer son bivouac, se renseigner sur un lieu où manger, à visiter… À chaque fois que la conversation s’engage plus avant, il explique son voyage et pose cette question : « Savez-vous quelle est la devise de l’Europe ? » Celle-ci — « Unie dans la diversité » — est largement méconnue, mais là n’est pas son sujet. Elle est un prétexte à parler de paix, de vivre ensemble, de différence, de tolérance…
De la Pologne à la Bretagne, un itinéraire lui aussi symbolique
« Au départ du projet, je ne savais pas où j’allais commencer. J’avais pensé à Berlin, pour la symbolique de la chute du mur. Puis je me suis décidé pour la Pologne, et pour Auschwitz. Entamer cette marche pour la paix dans le lieu qui matérialise le pire de l’humanité m’a semblé être un symbole fort. » Il organise son trajet sans songer davantage aux symboles, mais ceux-ci le rattrapent.
Ses grandes étapes sont Nuremberg, lieu du procès des nazis, Strasbourg, lieu de la réconciliation et de la création de l’Europe, Colombey-les-Deux-Églises, où est situé le Mémorial Charles-de-Gaulle.
Lors de ce périple citoyen, il traverse la Pologne, la Tchéquie, l’Allemagne et la France. « Partout, j’ai reçu un accueil sincère et spontané. J’ai été touché de la confiance des gens. On m’a souvent proposé un lieu où m’installer pour la nuit, ou même de m’héberger, on m’a offert un repas, de l’eau, une douche… C’est ce qui aura été le plus marquant pour moi : l’accueil profondément humain. »
De ce voyage, Michel Guillemaud revient avec la conviction renforcée de l’importance d’un engagement citoyen, à la fois français, européen et international. « Être citoyen du monde est un thème universel », souligne-t-il. Il a désormais pour projet de partager plus largement son périple : exposition, recueil, interventions… Les modalités restent à définir, mais Michel continuera à agir : après des pas pour la paix, des pages pour la paix ?