Tribune: M. de Rugy, la France doit être à la pointe de la lutte contre la pollution des mers par le plastique
En cette journée mondiale de la mer, alors que la question du plastique dans les mers est une des six urgences environnementales, nous appelons le gouvernement à être le pilote d’une politique de préservation.
Liliana Tanguy,
Monsieur le Ministre vous avez, il y a quelques semaines, accepté la responsabilité de diriger le ministère de la Transition écologique et solidaire, en insistant sur le fait que « l’urgence écologique est un appel à l’urgence d’agir ». Les graves effets constatés du changement climatique: pic de canicule, fonte des glaces, disparition d’espèces animales, pollution de l’air… sont des urgences face auxquelles nous devons réagir très rapidement.
Lutter contre la pollution plastique de nos espaces marins est aujourd’hui une priorité. En 2018, le programme des Nations Unies pour l’environnement a placé la question du plastique dans les mers et les océans parmi les six urgences environnementales les plus préoccupantes. Moins de 30% des déchets plastiques sont récupérés et recyclés dans l’Union européenne alors que la France compte parmi les mauvais élèves européens. Les déchets plastiques représentent plus de 85% des déchets marins dans les océans, dont 80% proviennent de sources terrestres et pèsent de 5 à 13 millions de tonnes chaque année. En mer Méditerranée, la situation est catastrophique, les déchets plastiques constituent 95% des déchets, ce qui en fait la mer la plus polluée au monde!
Ces dernières années, la lutte contre la pollution plastique s’est principalement focalisée sur la diminution de macro-plastiques, ou « macro-déchets » sous forme de bouteilles, mégots, sacs plastiques ou filets de pêche. Selon une récente étude du WWF France, ils représentent un volume de 150.000 à 500.000 tonnes par an dans les océans. La Commission européenne souhaite, dans sa récente « stratégie plastique », réduire la consommation de plastiques à usage unique. La France a, quand à elle, non seulement anticipé la transposition de mesures européennes, en interdisant le recours aux ustensiles en plastique à usage unique tels que les pailles, les couverts, les boîtes en plastique… à compter de 2020. Le Ministère de la Transition écologique et solidaire a également pour objectif, à travers sa feuille de route « économie circulaire », d’amener les industriels à incorporer plus de produits recyclés et biosourcés dans leur modèle de production afin de tendre vers 100% de plastiques recyclés en 2025.
Nous souhaitons attirer votre attention sur l’insuffisance des mesures prises à l’encontre d’une autre forme de pollution plastique: celle causée par les « micro-plastiques ». Ces particules inférieures ou égales à 5 mm, représentent jusqu’à 30% de l’ensemble des plastiques libérés dans les océans. De plus en plus d’Etats agissent contre les micro-plastiques dits « intentionnellement » ajoutés aux produits comme les cosmétiques ou les produits de nettoyage, alors que ceux-ci ne représentent que 2% de l’ensemble des micro-plastiques. Les 98% de micro-plastiques primaires restants proviennent de pertes plastiques dites « non-intentionnelles » telles que le textiles synthétiques (34.8%), l’usure des pneumatiques (28.3%), ou encore la poussière des villes (24%). Par ailleurs, une autre forme de micro-plastiques dits « secondaires » provient de la dégradation en milieu marin de macro-plastiques, tels que les sacs plastiques. Il est urgent de lutter efficacement contre ces différents types de micro-plastiques, qu’ils soient secondaires ou primaires. L’interdiction des sac plastiques, des coton tiges ou le nettoyage des plages sont donc utiles car ils éveillent les consciences, mais ces actions ne sont pas suffisantes compte tenu de l’ampleur de la pollution plastique sous toutes ses formes.
Nous, signataires de cette tribune, vous invitons, Monsieur le Ministre, à prendre en considération l’urgence à lutter contre la pollution par les pertes non-intentionnelles de micro-plastiques. Nous considérons que cette forme de pollution omniprésente et invisible nécessite une approche stratégique prioritaire et ambitieuse, tant en France qu’à l’échelle de l’Europe. Nous appelons le Gouvernement français à être le pilote d’une politique de préservation de nos mers, de nos océans et de nos fleuves, en favorisant l’unité européenne sur cette question. Nous espérons que le Parlement européen incitera fortement la Commission européenne à accroître le niveau de lutte contre les pertes non intentionnelles de micro-plastiques. Nous demandons que la France réduise sa production de plastique en sensibilisant les industriels de nos territoires et améliore le taux de collecte et le processus de recyclage du plastique en impliquant tous les acteurs sur le terrain.
La France doit être ambitieuse pour réussir à atteindre les objectifs environnementaux de sa feuille de route et relever ainsi les défis de la transition écologique dans le cadre de la COP24!
Liste des cosignataires :
- Claire O’PETIT, Députée de l’Eure
- Olivier Damaisin, Député du Lot et Garonne
- Jennifer De Temmerman, Députée du Nord
- Grégory BESSON-MOREAU, Député de l’Aube
- Mireille ROBERT, Députée de l’Aude
- Jean-Charles COLAS-ROY, Député de l’Isère
- Patrick Vignal, Député de l’Hérault
- Anne Genetet, Députée des Français établis hors de France (11ème circonscription)
- François Michel Lambert, Député des Bouches du Rhône
- Frédérique Lardet, Députée de haute-Savoie
- Nicolas Turquois, Député de Vienne
- Marion Lenne, Députée de haute-Savoie
- Monica Michel, Députée des Bouches du Rhône
- Jean-François Eliaou, Député de l’Hérault
- Jacques Marilossian, Député des Hauts de Seine
- David Lorion, Député de la Réunion
- Fabien Lainé, Député des Landes
- Patricia Gallerneau, Députée de Vendée
- Laurent Garcia, Député de Meurthe et Moselle
- Philippe Latombe, Député de Vendée
- Sylvain Maillard, Député de Paris
- Amélia Lakrafi, Députée des Français établis hors de France (10ème circonscription)
- Nicole Trisse, Députée de Moselle
- Paul Molac, Député du Morbihan
- Graziella Melchior, Députée du Finistère
- Audrey Dufeu Schubert, Députée de Loire-Atlantique
- Sira Sylla, Députée de Seine-Maritime
- Yannick Kerlogot, Député des Côtes d’Armor
- Fiona Lazaar, Députée de Val d’Oise
- Martine Wonner, Députée du Bas-Rhin
- Emilie Guérel, Députée du Var
- Valérie Thomas, Députée de Puy de Dôme
- Rodrigue Kokouendo, Député de Seine et Marne
- Françoise DUMAS, Députée du Gard
- Jean François MBAYE, Député de Val de Marne
- Stéphane Trompille, Député de l’Ain
- Mohamed LAQHILA, Député des Bouches du Rhône
- Yves Daniel, Député de Loire Atlantique
- Mireille CLAPOT, Députée de la Drôme
- Nicole Le Peih, Députée du Morbihan
- Julien Borowczyk, Député de Loire
- Joachim Son Forget, Député des Français établis hors de France (6ème circonscription)
- Didier Martin, Député de Côte d’Or
- Stéphane Claireaux, Député de Saint Pierre et Miquelon
- Annie Chapelier, Députée du Gard
- Pierre Cabaré, Député de Haute Garonne
- Aina Kuric, Députée de Marne
- Denis Masséglia, Député du Maine et Loire
- Sereine Mauborgne, Députée du Var
- Anthony Cellier, Député du Gard
- Nicole Dubré Chirat, Députée du Maine et Loire
- Catherine Kamowski, Députée de l’Isère
- Michel Fanget, Député de Puy de Dôme
- Jacques Maire, Député des Hauts de Seine
- Elisabeth Toutut-Picard, Députée de Haute Garonne
- Anne-Laurence Petel, Députée des Bouches du Rhône
- Philippe Michel Kleisbauer, Député du Var
- Sabine Thillaye, Députée d’Indre-et-Loire
- Gaël le Bohec, Député d’Ille-et-Vilaine
- Jean-Charles Larsonneur, Député du Finistère
- Thomas Rudigoz, Député du Rhône