De Rieux à Paris : Cléo Renou, une nageuse d’exception

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À bientôt 17 ans, Cléo Renou est une championne multimédaillée. Son palmarès est impressionnant. Nageuse en équipe de France, Cléo, qui a fait ses premières brasses à la piscine de Redon, a remporté, sans stress et en toute humilité, des championnats nationaux, européens et internationaux. Au moment de réaliser cet entretien, elle boucle ses valises pour aller hisser le drapeau tricolore sur le podium de son troisième championnat du monde, au Canada.

Pour tous ceux qui la côtoient, Cléo Renou est une adolescente épatante et exemplaire. Elle fait la fierté de sa famille – elle est un modèle pour sa sœur cadette —, de sa commune (Rieux), de son club de natation toutes structures confondues, de l’équipe de France à laquelle elle appartient et dont elle est la plus jeune recrue. Depuis qu’elle a mis les pieds dans une piscine à 9 ans, Cléo a acquis avec une facilité déconcertante les techniques de nage. Elle a appris à nager en une dizaine de séances en cours particuliers avant de rejoindre les cours collectifs communaux avec les autres enfants de l’intercommunalité de Redon. « Je n’ai plus eu envie de m’arrêter », complète-t-elle. Il a suffi d’une personne pour que ce qui aurait pu la mettre à l’écart – Cléo est porteuse d’un chromosome supplémentaire (trisomie 21) – ne soit pas un obstacle. « Le moniteur qui l’avait en cours particulier l’a acceptée en cours collectif. Il a suffi d’une personne pour lancer la machine ! » explique sa maman, Alexandra. Le climat de confiance s’est instauré et Cléo a poursuivi son apprentissage avec les autres nageurs, encadrée par Claude puis Laurence.

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Le déclic du Sport adapté

Puis c’est le club de natation qui lui ouvre les bras : l’apprentissage fini, voilà venu le temps de la compétition. Elle entre à 11 ans au club et à 12 ans, elle intègre la section Sport adapté. « Le sport adapté s’adresse aux personnes qui ont un handicap mental ou psychique, à ne pas confondre avec la catégorie Handisport qui rassemble les personnes en situation de handicap physique », précise sa maman. « C’est grâce au Sport adapté que Cléo fait plein de choses aujourd’hui », grâce au Sport adapté qu’elle est devenue cette jeune fille multimédaillée et épanouie.

Cléo passe d’une séance par semaine à deux, puis trois, et cinq à ce jour. Elle suit ses entraînements avec la section natation et nage en Sport adapté le mercredi. « Ils sont entre eux. Tout est simple, sans jugement. Même si chaque handicap est différent, ils se retrouvent et ont beaucoup à partager. »

Du Sport adapté au sport de haut niveau

Cléo a gagné sa première compétition à 12 ans. « Elle a survolé la compétition en régional… On s’était dit que c’était la région et que ça allait être plus difficile ensuite. En championnat de France, idem, elle est arrivée première ! Cléo avait acquis une vraie technicité avec le club et les cours. Vu son niveau, elle s’est vu proposer d’intégrer l’équipe de France Espoir en Sport Adapté, puis de postuler pour l’équipe Trisomique 21 qui était en cours de création. Elle a été prise. » Cléo franchit toutes ces épreuves sans aucun stress : « Pour elle, nager à Redon ou à Paris, c’était pareil », précise sa maman, certainement plus stressée que sa fille lors des compétitions qui conduit la famille hors des frontières : Mexique, Italie et cette année, Canada. « Maintenant, je stresse un peu plus », confie la nageuse.

Depuis le 1er novembre 2017, Cléo Renou est reconnue « Sportive de haut niveau ». Cela se traduit par un emploi du temps adapté pour suivre ses études en CAP Employée de commerce. Elle naviguait déjà entre le lycée professionnel Notre-Dame de Redon et la structure Ulis du collège Beaumont, la voilà qui ajoute les 5 entraînements hebdomadaires à son planning de championne.

Une aventure devenue familiale

« Ce n’est pas que du sport, c’est la magie du sport ! » témoigne la maman de Cléo. Elle évoque la complicité entre les nageurs, la cohésion du groupe, la joie sur les visages, l’intensité des émotions lors des victoires… et le jour des 16 ans de Cléo où, après avoir entendu jouer la Marseillaise en l’honneur de sa victoire, elle a entendu le public entonner un chaleureux « Joyeux anniversaire »…

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« Nous avons décidé d’en faire une aventure familiale et c’est quelque chose de magique. Maïa, la petite sœur de Cléo, est une fan absolue de sa sœur. Elle veut l’encourager et la suivre partout. On essaie de la suivre le plus possible en famille, pour que chacun ait un peu de ce que vit Cléo. » Sa famille la rejoint sur ses fonds propres tant que cela est possible. Cependant, parce que la présence d’un des membres est indispensable, même en période plus délicate, elle a créé une association « Le Chromozome du Bonheur » pour assurer au moins les frais de déplacement d’une personne. « C’est juste pour un accompagnant au cas où on ne pourrait faire autrement, explique la maman de Cléo. Nous ne prenons pas de vacances en famille sur le compte de l’association ! » tient-elle à préciser. Les fonds recueillis permettent de financer les frais inhérents au statut de sportive de haut niveau de la nageuse. Chacun – particulier ou entreprise – peut ainsi prendre part à l’aventure.

Une autre manière d’être extraordinaire

La petite sœur de Cléo, Maïa, partage les réussites de son aînée à l’école. Dès qu’elle le peut, elle apporte les médailles pour les montrer. Au club de Redon, ce sont des débutants – les dauphins 1re année – qui ont la chance de bénéficier de son expérience : Cléo assiste l’entraîneur et donne elle-même des entraînements les samedis matin. Elle a passé et réussi un examen spécial pour l’encadrement. « Je vérifie ce qu’ils font et je rectifie si besoin », explique-t-elle. « C’est une sacrée image que ce soit une nageuse trisomique qui encadre les jeunes ! » souligne sa maman.

Pour ce qui est de l’image qu’elle véhicule, Cléo va encore plus loin. En plus de nombreux articles dans la presse locale, nationale et sportive, et même des unes, elle est devenue modèle pour une exposition de photographies intitulée « Faire du sport, c’est normal, non ? », mettant en scène des sportifs trisomiques. L’exposition est cet été à Redon et tournera dans le Morbihan, à la demande des médiathèques. Elle est aussi régulièrement abordée et félicitée, et l’a notamment été lorsqu’elle était caissière en supermarché pendant son stage professionnel : « Les gens étaient gentils, souriants, ils me reconnaissent et me disent bravo. »

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Les jeux paralympiques de Paris 2024 ?

Le prochain défi de Cléo ? Les jeux paralympiques pour Paris 2024 si une section Sport adapté/Trisomie 21 voit le jour. C’est en tous cas le souhait qu’elle a partagé avec Laura Flessel, la ministre des Sports, et Sophie Cluzel, Secrétaite d’État auprès du Premier ministre, chargée des Personnes handicapées, quand elle a remporté les championnats européens en novembre 2017 à Bobigny.

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