Publication d’une tribune : soutenir durablement les énergies renouvelables
En vue du vote de la loi de transition énergétique en 2è lecture aujourd’hui, j’ai cosigné une tribune avec des députés de mon groupe parlementaire intitulée : « Soutenir durablement les énergies renouvelables ». Celle-ci, dont la députée de Dordogne Brigitte Allain est à l’origine, a été publiée dans le quotidien SUD-OUEST à ce jour. Elle exprime notre engagement, notamment dans la loi de transition énergétique, à poser les conditions de la durabilité des énergies renouvelables, à travers l’exemple de la méthanisation. Sur ce point, l’amendement de Brigitte Allain que j’ai cosigné, limitant l’introduction de cultures alimentaires dans les méthaniseurs a été adopté, au terme de plusieurs mois de bataille.
La loi de transition énergétique débattue cette semaine à l’Assemblée nationale engage la France dans un nouveau modèle énergétique qui fixera les objectifs de notre pays en matière d’énergies renouvelables en cohérence avec les engagements européens : 32 % de renouvelables à l’horizon 2030. Cette loi est l’occasion de poser un cadre qualitatif pour atteindre cet objectif quantitatif. C’est en anticipant les opportunités et les risques liés au développement des renouvelables que nous relèverons, demain, le défi sociétal et technique de la transition énergétique. L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a récemment démontré qu’un modèle alimenté à 100 % par les renouvelables était possible. Les territoires à énergie positive (Tepos), encouragés par le texte de loi, en sont les meilleurs promoteurs.
Pourtant, plusieurs exemples européens nous enseignent combien les énergies renouvelables doivent être correctement impulsées, mais aussi encadrées, pour éviter des impacts écologiques négatifs. Car, à ne pas anticiper les potentielles dérives d’un modèle qui serait purement productiviste dans le domaine des énergies renouvelables, les effets pervers pourraient se faire lourdement sentir.
Concernant la méthanisation [production de biogaz à partir de matières agricoles, NDLR], le cas allemand montre les dérives potentielles d’un modèle mal maîtrisé. Outre-Rhin, 800 000 hectares de terres agricoles sont dédiés à la culture de maïs pour alimenter leurs 8 000 méthaniseurs ! Au-delà de la concurrence avec les terres dédiées à l’alimentation, des phénomènes de spéculation sur le foncier agricole et sur les denrées alimentaires ont vu le jour, tandis que la qualité des sols se dégrade, éloignant l’activité de méthanisation du métier d’agriculteur et exposant ceux-ci aux aléas de cette spéculation.
Or, en plus de l’hydraulique, de l’éolien et du solaire, le « mix énergétique renouvelable » français mise beaucoup sur le développement de la méthanisation, notamment via le plan EMAA – Énergie Méthanisation Autonomie Azote –, dont l’objectif est d’atteindre 1 000 méthaniseurs à la ferme en 2017, contre 150 aujourd’hui. Si la méthanisation à la ferme est une voie d’avenir et peut représenter un complément de revenu et d’activité intéressant pour les agriculteurs, il est indispensable d’anticiper les dérives potentielles du cas allemand ou du gigantisme du méga-projet de la ferme des 1 000 vaches dans la Somme.
C’est pour assurer la réussite du développement de la méthanisation que les parlementaires écologistes ont fait inscrire des principes dans la loi de transition énergétique : mettre en place un encadrement pour limiter la méthanisation des cultures alimentaires, privilégier les méthaniseurs collectifs aux méthaniseurs individuels et s’assurer du dimensionnement de l’installation à la mesure des ressources biomasse du territoire. Ces avancées entrent en cohérence avec les orientations fixées dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation, et la forêt qui a donné la priorité au développement de l’agroécologie et aux démarches collectives et territorialisées.
Le prochain chapitre de notre modèle énergétique s’écrit cette semaine dans la loi de transition énergétique. Comme nous l’enseigne le cas de la méthanisation, inscrivons sur la feuille encore vierge de notre futur modèle énergétique les conditions de son déploiement, assurant dynamisme économique local, bien-être social, santé des concitoyens et préservation de nos ressources naturelles.
Brigitte Allain, députée de la Dordogne ; Denis Baupin, député de Paris et vice-président de l’Assemblée nationale ; Cécile Duflot, députée de Paris ; Paul Molac, député du Morbihan, et Barbara Pompili, députée de la Somme.