Colère des agriculteurs : la souveraineté alimentaire est une nécessité vitale

La colère des agriculteurs qui s’exprime depuis mardi a des causes profondes.

Parmi celles-ci on peut énumérer la surrèglementation, les nouvelles normes européennes, les traités de libre-échange, un manque de considération de la part de certains acteurs qui soulignent les travers du modèle agricole sans se soucier de notre nécessaire souveraineté alimentaire.

Je considère de mon point de vue que la souveraineté alimentaire est une nécessité vitale. Nous ne pouvons plus accepter aujourd’hui que l’agriculture française soit placée en concurrence avec des pays dont les systèmes agricoles ne respectent pas les mêmes normes environnementales, sociales et administratives. C’est à ce titre que j’ai combattu les traités de libre-échange CETA ou MERCOSUR.

J’ai également attiré l’attention de la Première ministre dès le mois de septembre sur les nouvelles normes de la commission européenne classant les ateliers agricoles dans la case industrielle ce qui portera préjudice de facto aux élevages de taille moyenne. Il s’agit d’une contrainte supplémentaire pour nos éleveurs à l’heure où près de la moitié des poulets consommée en France vient d’Ukraine ou du Brésil et ce n’est pas malheureusement un cas
isolé.

Les retards de versement de la PAC, et le problème des Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) pour nos agriculteurs depuis la reprise en main du dossier par l’État ont inquiété et exaspéré, une nouvelle fois, la profession. La pression mise par le Gouvernement sur le secteur de la transformation dans les dernières négociations commerciales les a exacerbées, particulièrement dans le lait.

Historiquement, la PAC nous a permis de garder une agriculture encore puissante et qui dispose de capacités d’innovation et d’investissement financiers et humains. Cette politique doit pourtant être révisée. De même, la commande publique et l’application de la loi EGALIM (prévoyant la fourniture de 20 % de produits bio et 50 % de labels de qualité dans la restauration collective) est un levier très important. Là encore le plus mauvais élève est
l’État qui dans ses structures se hissent péniblement à un petit 7 % de produits bio alors que les collectivités locales font beaucoup mieux. A de nombreuses reprises, j’ai alerté le Gouvernement en 2023 sur ce sujet.

A mon sens, une des solutions réside dans la souveraineté alimentaire des 450 millions d’Européens qui partagent notre destinée. Nous nous devons d’établir des règles qui permettent de produire mieux avec des impacts environnementaux limités.

La Bretagne avec ses conditions pédoclimatiques est et restera une grande région agricole. Nous devons assumer de devoir produire pour tous nos concitoyens. Cela nécessite une politique de l’alimentation. Dans un pays où l’on estime que 25 % des étudiants ne mangent pas à leur faim et que pour trop d’enfants, le seul repas complet et équilibré de la journée est celui de l’école, il y a urgence.

L’alimentation ne peut être la variable d’ajustement du pouvoir d’achat. Pour cela nous avons besoin de nos institutions, des citoyens mais aussi de nos agriculteurs que nous devons respecter et soutenir par des prix et des revenus qui sont le reflet de leur engagement et de leur travail.

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