Emilie et Mathias Montigny, acteurs d’un commerce ambulant et solidaire

C’est à Mauron, qu’Émilie et Mathias Montigny ont donné naissance à leur projet. En deux années, ils ont mis en place une initiative originale et inédite sur le territoire : une épicerie ambulante bio, locale, responsable et solidaire.

thumbnail_Photo Émilie et Mathias Montigny

Vers un territoire riche d’initiatives solidaires et alternatives

Jusqu’en 2014, Émilie et Mathias vivaient en Charente-Maritime, où ils occupaient chacun un emploi de travailleur social. Naît chez eux l’envie de s’installer dans une maison dont ils seraient propriétaires. Là, tout concourt : le marché de l’immobilier inaccessible dans la région – « Avec des enfants, acheter en Charente-Maritime, même avec deux CDI, c’est très compliqué », explique Émilie –, leurs séjours en Brocéliande, chez des amis, qui leur donnent envie de découvrir un peu plus la Bretagne, et des dysfonctionnements ou aberrations dans leur environnement professionnel qui suscitent chez eux des velléités de changements.

Ils trouvent la maison qui leur convient à Mauron, dans un territoire qu’ils apprécient pour la diversité et la richesse des initiatives associatives et alternatives. « On y allait alors sur tous nos temps de congés pour y faire des travaux, car la maison n’était pas habitable. Employés de bureau à la base, le travail manuel n’était pas notre fort, mais nous avons beaucoup appris, notamment avec les chantiers participatifs. D’ailleurs, encore aujourd’hui, dès que nous avons l’occasion de donner un coup de main, nous y allons. Puis quand j’ai été enceinte, j’ai démissionné et nous sommes venus nous installer définitivement. »

Qui dit nouvelle maison et nouvelle région, dit nouvelle vie. Tous les deux font le triste constat de la disparition des commerces de centre-bourg et de l’isolement en campagne. « Nous étions travailleurs sociaux, alors nous avons voulu mettre à profit nos compétences et notre savoir-faire, tout en apprenant à être épiciers. » C’est ainsi qu’ils ont créé l’association ELFE, pour Épicerie locale favorisant l’entraide.

Une autre manière de vivre l’entraide et le commerce

La vraie originalité du projet est que leur épicerie est solidaire, certes, mais qu’elle est mixte, c’est-à-dire ouverte à tous. « En France, c’est un système peu expérimenté. On retrouve quelques initiatives de ce genre dans les grandes villes, mais aucune en campagne. Nous voulions une épicerie qui soit ouverte aux personnes aidées et aux personnes non aidées, sans distinction », explique Mathias. Leur projet fonctionne sur le mode associatif, avec des adhérents solidaires qui viennent faire leurs achats et des adhérents aidés qui bénéficient d’une tarification spéciale à moitié prix. « La tarification spéciale s’applique à la demande de la personne, sur du déclaratif, sans justificatif. Les adhérents aidés peuvent la demander ou non, selon leurs besoins et leur trésorerie. C’est une manière de responsabiliser chacun » continue-t-il. L’adhésion est à prix libre, pour que l’argent ne soit pas un problème. Le système mixte permet un autofinancement, donc de ne pas être tributaire uniquement de subventions, et le statut associatif invite chacun à s’investir, à prendre part aux décisions. Au bout de quatre mois, avec 190 adhérents, une douzaine de points de chute et l’implication bénévole d’Émilie et Mathias, la structure est à l’équilibre.

La proximité, fer de lance du projet

L’un des points clés du projet ELFE est sa double implication locale. Dans la caravane, les produits vendus sont des produits frais locaux, bio dans la mesure du possible, ou des dons des adhérents (surplus des salades du jardin, d’une récolte de pommes ou de noix…), vendus à prix libre, qui permettent d’alimenter la cagnotte d’équilibrage des produits vendus à tarif remisé. « La valorisation des circuits courts et de la vente en vrac, pour limiter les emballages inutiles, invite à réfléchir sur notre impact sur l’environnement. » Cette même caravane se déplace dans un périmètre d’une vingtaine de kilomètres pour aller au plus près des personnes. Elle peut même faire un arrêt, à la demande, chez une personne isolée en incapacité de se déplacer. La notion de service de proximité s’étoffe avec la mise à disposition, dans la caravane, de divers services : point informatique avec ordinateur en libre accès, accueil et écoute, informations locales, aide aux démarches administratives…

L’envie d’aller plus loin, toujours…

« Nous en sommes encore au stade d’expérimentation, même si le bilan actuel dépasse nos prévisionnels. » Chaque idée, chaque porte qui s’ouvre ou se ferme, est une occasion pour le couple de réfléchir à des manières d’agir autrement et de faire bouger les lignes. « On souhaitait être en contact avec les services sociaux, pour qu’ils puissent nous faire connaître les personnes ayant besoin d’aide, mais il aurait fallu passer par la fourniture de justificatifs. Or, l’un des aspects qui comptaient le plus pour nous était et est toujours la non-stigmatisation. Nous ne voulions pas créer une différence entre une personne aidée et une autre. C’est comme cela que nous avons fait le choix du déclaratif, et nous trouvons cela beaucoup mieux ! Avec ce projet, nous voulons sortir de la logique d’assistanat et du “avoir droit”. On souhaite aussi faire découvrir d’autres manières de consommer. Nous avons mis en place la notion de prix libre, expérimentée grâce aux dons de denrées, et cela nous plaît. On veut faire sortir ces usages du milieu alternatif, le faire découvrir à tous les publics. » Les mois s’écoulent et l’initiative a déjà dépassé le périmètre de la caravane ambulante. Une soupe populaire a été organisée avec l’Ehpad de Ménéac et d’autres événements viendront.

Après deux années de mise en place et quatre mois d’expérimentation, Émilie et Mathias nourrissent de nouveaux projets de développement : pouvoir créer un emploi avec l’embauche d’une personne à temps partiel et ouvrir une épicerie dans un local fixe en complément de l’itinérance. À cela s’ajoutera certainement la concrétisation d’idées et d’envies nées au fil des rencontres, sur les marchés de Brocéliande et du Porhoët.

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Tournées de l’ELFE

Mardi :

  • 9 h-12 h, Ménéac, place de l’église, marché.
  • 15 h-16 h30, Évriguet, place de la mairie.
  • 17 h-19 h, La Trinité-Porhoët, l’Arche de Saé (ancienne école publique).

Mercredi :

  • 9 h-12 h, Guilliers, place de l’église, marché.
  • 15 h-17 h45, Paimpont, vente à la ferme de la Bobinette.
  • 18 h-20 h, Concoret, proche centre-bourg.

Jeudi :

  • 14 h-16 h, Saint-Gonlay, face à la Barakafé (semaines paires).
  • 14 h-16 h, Saint-Malon-sur-Mel, côté boulangerie (semaines impaires).
  • 16 h 30-19 h, Iffendic, marché.

Vendredi :

  • 14 h-16 h, Saint-Brieuc-de-Mauron, place de l’église.
  • 16 h 15-18 h, Brignac.

Samedi :

  • 9 h 30-13 h, Tréhorenteuc, Centre équestre de Brocéliande.

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