Entretien dans Le Ploërmelais : « Ni godillot, ni frondeur »
Loi sécurité, contrats aidés, glyphosate… le député Paul Molac revient sur les sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur et qu’il défend au sein du gouvernement.
Entretien
- « Sur France Inter, vous avez montré un certain désaccord concernant la loi sécurité avec le groupe LREM ? Quelle est votre position là-dessus ? Avez-vous eu des remarques à votre encontre suite à votre sortie médiatique ?
J’avais voté l’état d’urgence qui fut très utile dans les premiers mois après les attentats du Bataclan.
J’ai ensuite voté la loi de lutte contre le terrorisme qui devait nous renforcer et nous permettre de sortir de l’état d’urgence. Avec l’attentat de Nice en plein État d’urgence, le gouvernement a renoncé.
Ce n’est pas une loi de plus qui protégera mieux les Français, mais ce que fait le Gouvernement au quotidien : sécurisation des lieux publics et des manifestations, renforcement du renseignement avec demain la police de proximité et la lutte directement contre les terroristes en aidant les populations de Syrie et d’Irak à éradiquer Daesh. Je n’ai eu aucune remarques.
- Cette déclaration fait suite à votre désaccord sur la question des contrats aidés. Pensez-vous que c’était une erreur de la part du gouvernement actuel de communiquer ainsi sur un dossier aussi sensible pour bon nombre de municipalités ?
Le Gouvernement a raison de poser la question des emplois aidés pour le secteur privé marchand et certains postes dans les collectivités.
Cependant décréter purement et simplement le gel des emplois aidés en août était impossible.
De nombreuses associations et collectivités n’auraient plus eu les moyens de faire tourner leur école et autres services. De plus, certains emplois relèvent de la solidarité nationale comme pour les personnes handicapées, les chômeurs de longue durée, les seniors, les jeunes sans diplômes. D’ailleurs, le Gouvernement a bien réagi en signant de nouveaux contrats et en prévoyant de les maintenir à un niveau important en 2018.
- Avec trois autres députés, vous avez aussi défendu le tilde du n de Fañch notamment. Cette problématique est-elle importante à vos yeux ? Pourquoi se positionner ainsi juste pour un tilde ?
Cette problématique ne devrait pas être aussi importante au point qu’un procureur de la République saisisse le tribunal de Grande instance de Quimper qui juge que ce tilde « remet en cause l’unité de la nation » ! Cela montre le ridicule et le mépris de l’administration pour nos langues. C’est une question de respect.
À ce jour plus de 20 collègues, de toute la France, ont accepté de co-signer cette lettre. Ce mépris est incompréhensible dans le monde ouvert dans lequel nous vivons.
- La France votera contre la proposition européenne de reconduire la licence du glyphosate pour dix ans. Le Premier ministre, Edouard Philippe, l’a rappelé lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Il confirme ainsi l’engagement d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle », avez-vous indiqué dans un communiqué avec d’autres députés. Cela est-il un vrai soulagement pour vous ?
Il s’agit de se passer du glyphosate tout en préservant des modes de culture qui permettent d »économiser le CO2 et de limiter l’érosion des sols. Il est donc important de dialoguer avec la profession, d’envisager d’améliorer les pratiques culturales et éventuellement d’utiliser des produits biodégradables rapidement. Nous avons donc besoin de recherche et de concertation. La position du gouvernement me paraît équilibrée.
« J’essaie de faire mon travail du mieux possible »
- Plus globalement, comment avez-vous vécu cette entrée historique au Parlement aux couleurs d’un mouvement qui n’existait pas il y a encore 18 mois ? Avez-vous l’impression d’être devenu un peu une sorte de doyen au regard de la recomposition de l’assemblée ? Les choix opérés par Emmanuel Macron vous conviennent-ils dans leur ensemble ?
Je n’ai pas la prétention d’être un mentor ni un exemple. J’essaye de faire mon travail du mieux possible en ayant toujours en tête que je suis un relais entre la population et le pouvoir.
Mon but est d’améliorer le quotidien des Français. Nous étudions en ce moment le budget avec la fin des cotisations sociales chômage et maladie qui sont transférées sur la CSG et elles ne pèseront plus sur le travail.
La taxe d’habitation sera supprimée en 3 ans pour 80 % des Français. La revalorisation de l’allocation pour les handicapés et du minimum vieillesse est aussi une bonne chose. C’est conforme au programme présenté par Emmanuel Macron. Par contre, je suis opposé à la suppression de l’ISF. Contrairement à ce qui est dit, rien n’indique que ces sommes retirées du budget de l’État soient réellement réinvesties dans l’économie française.
« Je continuerai à faire mon travail, à interpeller le Gouvernement, à proposer des changements aux lois. Ni godillot, ni frondeur, je fais mon travail et j’essaye d’être utile. »