Gwennin L’Haridon et Pauline Freyburger, facteurs d’orgues aux Forges-de-Lanouée

Gwennin L’Haridon et Pauline Freyburger ont créé, en janvier 2021, leur société de fabrication et de restauration d’orgues à tuyaux, en pays de Josselin : Orglez. Lui, 28 ans, est originaire du Morbihan, elle, 31 ans, d’Alsace. Ils se sont connus pendant leur cursus d’apprentissage près de Strasbourg, ont mené de brillantes carrières, et ont décidé de se lancer, à leur compte, en Bretagne. À peine un an après leur installation, ils affichent un carnet de commandes plein et la volonté d’embaucher localement des talents à former.

L’orgue, un instrument de musique qui fascine

Gwennin comme Pauline ont été très tôt fascinés par les orgues. « Il y avait un facteur d’orgues près de chez moi. Je jouais déjà de l’orgue. J’avais demandé à effectuer mon stage de troisième chez lui ; j’avais trouvé ça très intéressant. » Cependant, l’idée d’en faire son métier ne germe pas à ce moment-là. Elle bifurque vers des études pour exercer comme assistante sociale, travaille un an dans le milieu, jusqu’à réaliser qu’elle ne s’y sent pas à sa place. Ce qui lui revient en tête, constamment, c’est son expérience de factrice d’orgues. Elle se lance, s’engage dans un apprentissage auprès du même professionnel, et suit un cursus classique de trois années, auquel elle ajoute deux années de spécialisation dans le métal, pour être aussi capable de s’occuper des tuyaux.

La vocation de Gwennin s’est révélée quand il était en terminale. À l’occasion de la restauration du grand orgue de la basilique de Sainte-Anne-d’Auray, une exposition sur la mission réalisée est mise en place. « J’aimais le travail du bois, l’art des mécanismes précis, le patrimoine… Ce que j’ai vu, lors de cette présentation, m’a plu. J’ai voulu faire un stage pendant les vacances, pour en savoir plus sur cette profession. Puis je me suis lancé après le bac, et je suis parti en apprentissage à Strasbourg. » Lui aussi accomplit le cursus dans son intégralité. Dans les années qui suivent leur formation, Pauline comme Gwennin évoluent dans leur métier. Ils montent en responsabilité et en hiérarchie. Ils voyagent dans le monde entier, pour des installations d’orgues dans les plus belles cathédrales. L’aventure leur plaît, mais ils ont envie d’un autre projet : un projet ensemble, à leur manière, où leur créativité aurait toute sa place. L’idée d’un atelier naît alors.

Un atelier de jeunes facteurs d’orgues, au cœur de la Bretagne

« J’ai souhaité créer un atelier pour proposer de nouvelles manières de faire en France. Il existe des techniques peu connues et peu communes, et je veux que nous soyons pionniers dans des façons de procéder, que nous fassions nos recherches, que nous explorions des voies différentes… », déclare Gwennin. « J’avais beaucoup d’idées pour innover, notamment sur ma partie de spécialisation : la tuyauterie. Nous avons décidé de nous lancer à notre compte pour réaliser nos envies », complète Pauline. La Bretagne, d’où est originaire Gwennin, a le bénéfice de l’évidence. Les facteurs d’orgues sont de moins en moins nombreux, et les professionnels arrivent, pour beaucoup, à l’âge de la retraite, sans repreneurs. Le hasard les conduit aux Forges-de-Lanouée, commune qui se révèle être un emplacement idéal. « Nous avons sondé plusieurs secteurs, et c’est ici que nous nous sommes plu. Nous avons trouvé des ateliers en campagne, dans un cadre agréable, à proximité de Josselin, qui est une ville très sympathique, avec son château et son canal. C’est central, l’accès aux grands axes est facile… Cela nous permet de rayonner en Bretagne et jusqu’en Loire-Atlantique » explique Gwennin. Il s’est lancé en auto-entreprise au second semestre 2020 pour tester leur projet sans prendre de risques démesurés, puis, en janvier 2021, tous les deux ont décidé de transformer l’entreprise en solo en société en duo. Il y a eu l’achat du site, l’ancienne menuiserie Delalande, l’acquisition du matériel, les démarches administratives, les réponses aux appels d’offres… Le pari était ambitieux, à 28 et 31 ans. Pourtant, il est relevé haut la main, car le travail abonde.

Un métier où polyvalence et curiosité sont de mise

Il est sans doute difficile de faire plus polyvalent qu’artisans facteurs d’orgues. Être facteur d’orgues, c’est maîtriser des savoir-faire précis et ancestraux. C’est parfois inventer ses outils ou procédés pour restaurer ou refabriquer des pièces vieilles de plusieurs siècles. C’est travailler le cuir pour les soufflets, le bois pour le buffet et les nombreuses sculptures, le métal pour les tuyaux. C’est reproduire des techniques de gravure sur des matériaux aussi divers que le bois ou le laiton, des techniques de peinture avec des pigments anciens, des techniques d’ébénisterie, de marqueterie… « Nous sommes curieux de tout et nous devons nous intéresser à divers métiers pour rassembler tous les savoirs nécessaires au nôtre. Tout est dans les détails. Par exemple, nous sélectionnons nos cuirs selon les méthodes de tannage, pour qu’ils soient compatibles avec les éléments en laiton. Quand nous faisons une rénovation ou que nous créons un orgue, il ne doit pas durer 15 ans… mais au moins un siècle ! Nous sommes sur une logique du temps long » précise Gwennin. Tous les deux jonglent actuellement entre la restauration d’un grand orgue de la région parisienne arrivé dans leurs locaux, le relevage sur site de l’orgue de l’église de Montfort-sur-Meu (35) et des travaux pour la cathédrale de Vannes. Ce ne sont pas les seuls contrats en cours : d’autres affluent. La demande est bien là.

Orglez, leur société, n’a pas un an d’existence, qu’elle se développe déjà de manière prometteuse. « Nous recrutons un ébéniste compagnon du devoir qui finit son Tour de France en automne. Ce sera notre première embauche, et nous savons que nous aurons besoin de personnes supplémentaires, si nous voulons suivre le rythme des commandes et faire grandir notre atelier », annonce Gwennin. Ils prévoient de futures embauches : pas nécessairement des facteurs d’orgues, car le profil est rare, mais des personnes de tout âge méticuleuses, passionnées, ayant envie d’apprendre, autant que l’amour de la musique, de l’art, et du travail parfait.

1 réponse

  1. Dubez Elisabeth dit :

    Bravo ! Nous revenons du Sénégal, et l’orgue de la cathédrale de Saint Louis du Sénégal est à restaurer..
    Si un financement est trouvé auprès de L’agence Française de Développement, êtes vous partants pour cette restauration ? Logement et nourriture fournis ?

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