Jean-Marc Guillemot, éleveur à Glénac. L’agriculture : un métier moderne ouvert sur le monde

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Jean-Marc Guillemot est agriculteur à Glénac, village rattaché aujourd’hui à la commune nouvelle de La Gacilly. Tourné vers la modernité et investi dans la collectivité, il a trouvé le parfait équilibre d’une vie qui lui correspond.

La passion de l’élevage : 2e génération

Installé à La Garenne, lieu-dit de Glénac, Jean-Marc Guillemot a pris la suite de ses parents, éleveurs eux aussi de vaches laitières. Il a toujours été agriculteur. « J’ai fini l’école à 18 ans, j’ai été à l’armée, et à 21 ans, je m’installais. » Son métier est une passion, marquée par un intérêt particulier pour la génétique. Éleveur-inséminateur, il s’est longtemps consacré aux concours en comices agricoles. Ses coupes et plaques trônent dans l’étable, face à ses Prim’Holstein. À l’image de l’élevage, les critères de distinction des vaches ont évolué au fil des années. « Il y a une grande différence entre les normes de beauté récompensées dans les concours – on recherche la minceur et une certaine élégance – et les critères d’une bonne vache pour un éleveur, qui attend qu’elle soit en rondeurs et qu’elle ait des trayons bien positionnés pour faciliter la traite. » Les nouvelles technologies ont amené des critères, problématiques et manières d’exercer inédits.

Jean-Marc Guillemot a fait le choix de la modernité. Un robot de traite permet aux vaches de venir, à la demande, se faire traire. L’automate la pèse, établit un diagnostic de santé, trait la vache selon sa morphologie et analyse le lait. « Avec toutes ces données, on connaît encore mieux nos vaches qu’avant. » La musique, dans l’étable, les apaise. Un robot repousse-fourrage veille à leur rapprocher leur nourriture, car ces dames de prairie ont tendance à l’éloigner en mangeant. « Elles ont aussi cette grande brosse : les vaches adorent se frotter sur les poteaux, alors ça, elles aiment bien ! » Avec ces installations, Jean-Marc et Sylviane, son épouse, pourraient presque se passer d’aller voir leurs 120 vaches et génisses… Quoique… « Le lien et le contact sont importants. Elles ont besoin elles aussi de nous voir pour être habituées à notre présence » précise Sylviane. « Et puis, j’aime bien y aller le soir, quand tout est calme. J’y retourne parfois vers 22 h. La radio marche. Elles sont paisibles. J’apprécie ces moments », poursuit Jean-Marc.

Lutter contre certaines aberrations et idées reçues

À la question d’une éventuelle reprise par une troisième génération, Jean-Marc doute. Ses deux filles se montrent peu intéressées pour le moment, mais surtout : « Elles feront ce qu’elles veulent. Je ne les forcerai pas. Le monde agricole est très compliqué aujourd’hui… » Il y a beaucoup à dire sur le sujet. « Saviez-vous que nous ne faisons jamais aucune facture ? Ce n’est pas nous qui décidons du prix du lait ou d’un animal : on nous l’impose. On nous prend le lait ou la vache à tel prix, il n’y a pas de négociation. C’est le client qui fixe le prix. Vous imaginez un supermarché où les clients décideraient du prix de ce qu’ils achèteraient ? Il y en a qui ne seraient pas d’accord… C’est cette réalité que nous voulons que le public et nos politiques comprennent. Nous ne demanderions pas de subventions si nous étions payés à un prix juste. » Le regard, parfois accusateur, de la société à l’égard de leur profession, peut être lourd. La question de l’utilisation des produits phytosanitaires, notamment, soulève les suspicions. « Nous ne sommes pas des truands ! Si je travaille parfois la nuit, ce n’est pas parce que je me cache, c’est parce qu’avec la fraicheur et l’humidité du soir, je peux mettre moins de produits. Avec 0,5 litre, je traite 10 000 m² de terres, quand un particulier a juste nettoyé sa cour ou sa terrasse avec la même dose mal utilisée. Et puis, la nuit, tout est paisible. J’observe les animaux sauvages qui sortent… C’est un moment agréable. »

Une vie construite sur-mesure pour être en famille

Quand Sylviane a rencontré Jean-Marc, elle avait peur des vaches. Quelques années plus tard, elle s’installait avec lui et franchissait le cap de le rejoindre dans son exploitation. C’était il y a 14 ans. « Plus qu’un choix économique, c’est un choix de vie », expliquent-ils. Tous deux veulent passer du temps en famille, en gardant une vraie disponibilité pour leurs enfants. Ils ont donc fait le choix de travailler à deux avec des installations modernes, leur permettant à eux comme à leurs animaux, de profiter de plus de confort et de bien-être. « Je ne veux pas qu’un jour, mes filles puissent me reprocher de ne pas avoir été présent. Ça, ce serait un échec » confie Jean-Marc. Au plaisir d’une vie de famille facilitée s’ajoute celui de la campagne environnante. Quand ils s’accordent, le dimanche matin, une pause loisirs, chacun part dans la nature. Sylviane pratique la course à pied et Jean-Marc le VTT. « On perçoit la commune et les environs différemment. On voit des paysages magnifiques que l’on n’aurait jamais découverts autrement. C’est une évasion à chaque fois », témoigne Jean-Marc. « C’est un bonheur d’être là », complète Sylviane.

Un investissement concret auprès de la collectivité

Jean-Marc comme Sylviane sont tous les deux engagés localement, au service de leur commune. Ce ne sont pas les associations qui les ont tentés, mais la politique, au sens de vie locale. Jean-Marc en est à son troisième mandat d’élu à Glénac (La Gacilly en 2018). Simple conseiller lors de son premier mandat, il est désormais adjoint à la Voirie. « Je voulais avoir une vie extérieure au monde agricole, en sortir, car c’est un métier dans lequel on peut s’enfermer très vite, tant il est prenant. Être dans l’équipe municipale m’apporte beaucoup sur le plan humain : apprentissages, rencontres, connaissance du secteur… » Contribuer à gérer la voirie est une mission dans laquelle il se sent à sa place : « Dans le monde agricole, on circule beaucoup. Et avec les travaux et les bâtiments dans les exploitations, on a de bonnes notions de terrassement… » À travers cet engagement, il souhaite aussi montrer que les agriculteurs d’aujourd’hui sont comme tout le monde : ouverts, avec une vie à côté de leur métier et la possibilité de s’engager. Sylviane, quant à elle, s’investit dans la vie économique en tant qu’administratrice pour le Crédit Agricole de Morbihan. Elle fait remonter les informations sur les nouvelles installations : entreprises, commerces… et participe aux débats sur les projets d’investissement.

Modernisée, l’agriculture permet aujourd’hui de nouveaux modes de vie, loin de l’image que le citadin peut s’en faire. Restent toutefois des fondamentaux : l’amour de la terre, des animaux, du pays et une philosophie de vie au plus proche de la nature.

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