Le ministre de l’Agriculture à Ploërmel
La fédération nationale porcine tenait son AG à Ploërmel le 12 juin. Le contexte est tendu. Les éleveurs rencontrent de grandes difficultés. Les prix sont bas et ce depuis longtemps. L’exaspération et la détresse sont palpables. Depuis, 2008, le nombre de porcs produits en Bretagne et en France baisse. Ce phénomène se répercute sur les outils d’abatage et de transformation. Tout le monde se souvient des difficultés de GAD, de la fermeture de Lampaul-Guimiliau et de la vente-restructuration de Josselin.
Inutile de dire que le ministre était attendu de pied ferme par des éleveurs qui avaient, le jour précédent, bloquer les accès au centre Leclerc de Ploërmel. Ils entendaient protester contre les centrales d’achat des supermarchés qui sont accusés de faire baisser les prix et de mettre en danger l’appareil productif. Le ministre a donc dû conquérir un public pas forcément acquis. Toutes les solutions ne sont pas forcément dans les mains des politiques mais certaines le sont.
Le ministre appelle à la mobilisation de tous les acteurs qui n’ont pas toujours joué collectif par le passé. Il s’agit de retrouver un niveau de prix rémunérateur pour les éleveurs.
Un des premiers actes important est l’encadrement des promotions. Si elles sont utiles au sortir de l’été et après les fêtes de fin d’année pour désengorger le marché, les promotions permanentes sont destructrices de valeur le reste de l’année.
Le ministre a également rappelé que les sanctions contre les pratiques commerciales abusives avaient été renforcées dans le cadre de la loi dite Macron. De plus, pour garantir des pratiques commerciales plus loyales et d’éviter les contournements de la loi, il est nécessaire d’assurer un système de cotation des pièces de découpe de porc.
Au vu de la situation d’urgence, une enveloppe de prise en charge de cotisations sociales sera mise en place et qui complétera les mesures existantes d’exonération de charges (CICE, pacte de solidarité, …).
La mise en avant de l’origine « France » avec le logo « Viande de Porc française » sera renforcée. Si l’utilisation de ce logo s’est bien développée il faut absolument l’utiliser à chaque fois afin d’avoir un logo unique identifiable par le consommateur. Actuellement certains transformateurs et distributeur ne jouent pas encore le jeu pour les produits transformés.
Le ministre a également appelé les acteurs de la filière à leur responsabilité pour que le cahier des charges de ce logo soit le moyen d’une amélioration qualitative de la production française et qu’elle soit ainsi différenciée et mieux valorisée sur le marché national comme à l’export. Par exemple, certains groupements n’utilisent plus d’antibiotiques et proscrivent des produits impactant l’environnement, personne ne le sait.
Enfin, la réflexion engagée par la profession sur les relations contractuelles au sein de la filière pour revoir la formation du prix et les relations contractuelles est une étape nécessaire.
Ces difficultés, graves et déstabilisantes pour les éleveurs sont aussi une opportunité pour modifier notre système et l’améliorer. C’est une œuvre collective et de long terme. N’oublions pas que l’agriculture et l’agroalimentaire sont les bases de notre développement économique breton.