Pays de Ploërmel. Clément Priol, champion de gouren

Clément Priol en plein combat. Photo de Jean-Paul Menou.

Clément Priol est champion de gouren, sport qu’il pratique depuis ses 7 ans. À 27 ans, professeur d’anglais dans les collèges privés de Josselin et de Mauron, il continue de vivre sa passion en s’adonnant toujours à cette discipline, en s’impliquant bénévolement et en le faisant découvrir aux élèves volontaires de son établissement josselinais. Le gouren est pour lui bien plus qu’un sport : ce sont des valeurs et savoir-être qu’il a à cœur d’incarner et de partager.

Le gouren… c’est quoi ?

Le gouren, c’est-à-dire la lutte bretonne, est une discipline méconnue, bien qu’elle soit typique et traditionnelle de la Bretagne. « J’ai passé mon enfance à expliquer ce qu’était le gouren et je le fais chaque fois que je rencontre une nouvelle personne et que je parle sport ou passion », confirme Clément Priol. « C’est un sport de lutte dont l’objectif est de faire chuter l’adversaire sur le dos avec des prises des bras ou des jambes. Le fait qu’il chute sur le dos, et plus précisément qu’il pose le dos au sol avant toute autre partie de son corps, fait la particularité du gouren. L’adversaire est soulevé de terre et s’envole dans les airs : c’est à la fois très physique et très esthétique. Il y a aussi un aspect traditionnel de la paysannerie dans les noms et les prises, puisqu’on retrouve des mouvements inspirés du travail quotidien aux champs ou à la ferme. »

Le gouren mêle la force physique (pour soulever l’adversaire, lui résister, etc.) et la force technique avec des stratégies de balanciers et de ruptures d’équilibre. Il implique également un vocabulaire en langue bretonne : « Tous les termes sont en breton. Par exemple, l’envolée suivie de la chute parfaite de l’adversaire sur le dos s’appelle un “lamm”, un “saut”. Le lien à la culture bretonne est très fort. » Les tournois de gouren, notamment ceux qui ont lieu en été, se déroulent en extérieur, sur de la sciure de bois, ce qui valorise encore plus les mouvements. Ils s’organisent dans de grandes fêtes animées par des bagadoù, des danseurs bretons et des artisans locaux.

Les vainqueurs de championnat gagnent un bélier (vivant). Celui de Clément Priol a vécu des jours heureux en pâturage. Photo de Jean-Paul Menou.

Un sport marqué par des valeurs fortes

Originaire du Finistère (la Forest-Landerneau), Clément découvre le gouren par hasard, en cherchant un sport d’art martial. « Je me souviens très bien de mon premier jour. J’ai tout de suite été marqué par l’entraide et la bienveillance. Avec le recul, je réalise que ce sont d’emblée les belles valeurs de cette discipline qui m’ont plu. Aujourd’hui, j’aime toujours ce sport et son état d’esprit familial. Tout le monde se connaît et nous prenons tous soin les uns des autres. Le respect et l’amitié sont omniprésents. »

Le gouren compte environ 1 500 licenciés et chaque lutteur peut s’entraîner partout en Bretagne. « Nous restons toujours attachés à notre premier club, notre club de cœur, mais nous pouvons pratiquer et donner des cours partout. Arrivé à Josselin en 2022, je me suis affilié au club de Vannes où je m’entraîne et où j’enseigne, tout en restant dans mon club d’origine, celui de Guipavas. Je propose des cours à mes élèves du collège de Josselin, sur la base du volontariat, les vendredis après-midi, pour le plaisir de faire découvrir mon sport et ma passion. » Le comité de gouren du Morbihan a pour projet de créer un club à Ploërmel dans les années à venir.

Avant les combats, les lutteurs prononcent un serment de lutteur. Clément Priol est sur la gauche. Photo de Pierre-Yves Danielo.

« Le gouren m’a aussi permis de voyager et de m’ouvrir à d’autres cultures traditionnelles. Je suis parti en championnats et découvrir des luttes traditionnelles en Croatie, en Espagne et en Angleterre. Nous avons en effet des championnats d’Europe de luttes celtiques, car celles-ci sont très proches. Le concours qui réunit des équipes d’Angleterre, d’Écosse, d’Espagne, d’Italie, d’Autriche, d’Islande, etc., s’articule autour de deux types de combats : le Gouren et le Back-Hold, qui est la lutte traditionnelle écossaise. C’est donc aussi un sport ouvert vers les autres cultures. »

Le gouren est pour Clément plus qu’un sport et plus qu’une passion. Il est une manière d’être et de vivre. « Le gouren implique une vraie proximité et complicité avec les gens ; ce n’est pas qu’un sport, c’est du lien social. Il favorise un milieu accueillant, de l’entraide, de la bienveillance, de l’ouverture au monde, de la bonté et de la générosité. Tel que je le vis, en tant qu’engagement culturel et sociétal, le gouren façonne la Bretagne de demain. »

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