Rapport Yves Ville. « Je défendrai les compétences et l’expérience des petites maternités »

Un rapport remis à l’Académie de médecine par le professeur Yves Ville, chef de la maternité de l’hôpital Necker à Paris, préconise la fermeture de 111 maternités en France (sur les 452 existantes), plus précisément celles en dessous du seuil de 1 000 accouchements par an. Parmi elles : six maternités bretonnes, dont celles de Ploërmel et Redon.

Un point de vue « parisiano-centré »

En effet, pour ce professeur, la pénurie de personnels, ajoutée au manque de pratique au sein des petites maternités, conduirait à une perte de compétence, et donc de sécurité pour les femmes et leurs bébés. Il recommande donc de transformer ces petites structures en simples service de suivi pré et post-natal et ainsi de développer l’activité des plus grandes maternités.
Au lieu de prôner la fermeture de services de santé répondant à des besoins essentiels pour les habitants des territoires ruraux déjà largement délaissés, ce médecin, au point de vue parisiano-centré, devrait plutôt réfléchir aux manières d’attirer et de valoriser les professionnels de santé exerçant dans de petites structures en manque de moyens. Car, c’est bien le système de santé actuel, en offrant des conditions parfois peu tenables, qui mérite d’être repensé et conforté.

Un objectif chiffré caricatural

Il y a quelques années, les maternités devaient respecter le seuil des 500 naissances par an ; demain, il pourrait passer à 1000. 30% des maternités ont déjà fermé en 20 ans. Que les autorités fixent un objectif chiffré semble véritablement caricatural et inapproprié. La pérennité d’un service public de santé ne devrait pas se baser sur un chiffre grossièrement arrondi mais prendre réellement en compte les besoins des habitants, la situation géographiques et les particularités locales des structures concernées.
Dans le cas de ce rapport, sous prétexte de sécurité, certains professionnels sont prêts à aggraver l’inégalité d’accès aux soins de nos concitoyens, en l’occurrence ceux qui habitent en milieu rural, déjà confrontés à une désertification médicale sans précédent. Concrètement, la mise à mort des petites maternités rallongeraient les temps de trajets de bon nombre de futures mamans, avec les complications que cela peut entrainer en cas de difficultés. Cette décision serait d’autant plus grave que les réseaux de transport sanitaire sont régulièrement indisponibles ou saturés.

Essor des « usines à bébés »

En prônant la mise à mort des petites maternités, le rapport Ville recommande l’essor des « usines à bébés ». Or, comme c’est par exemple le cas à la maternité de Ploërmel, labellisée « Amis des bébés », de nombreuses femmes préfèrent faire le choix d’accoucher dans une structure à taille humaine, proche de leur lieu de vie, de leur famille et disposant de personnels dévoués et à l’écoute.
Si ce rapport est une manœuvre déguisée, depuis Paris, d’annoncer ou de légitimer des projets de fermeture de maternités, je ne me laisserai pas berner. Je continuerai de défendre sans ménagement les compétences et l’expérience des équipes des petites maternités qui, comme celles de de Ploërmel et Redon, assurent quotidiennement des prises en charge qualitatives et sécurisées. Ces établissements méritent au contraire d’être confortés et de bénéficier de moyens renforcés.

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