Saint-Jacut-Les-Pins. Des Bretons voyageurs à Tropical Parc

Erven Gicquel, dans le Jardin des trois rêves, le jardin chinois du parc.

Tropical Parc est un lieu étonnant dans notre paysage morbihannais, et son histoire l’est tout autant. Ce qui est devenu une attraction touristique plébiscitée relève d’une véritable saga familiale, portée par l’enthousiasme et la générosité des parents et enfants Gicquel. Tropical Parc, c’est le succès de l’incroyable pari d’un agriculteur breton, éleveur de porcs, passionné de plantes exotiques, qui décide, dans les années 1980, de réaliser son rêve.

Le virage à 180 degrés d’un éleveur breton

Tout commence avec une crise. Une énième, et loin d’être la dernière, crise porcine. Fin 1975, Michel Gicquel reprend la ferme de ses parents. En 1979, la crise met à mal son élevage et il fait faillite. Que faire ? Réinvestir ? Voir plus grand et industrialiser comme ses confrères ? S’il avait suivi les conseils des différents organismes agricoles, banques comprises, c’est ce qu’il aurait fait, mais l’homme ne le voit pas de cet œil. En parallèle de son activité d’éleveur de porcs, qu’il poursuit tout de même de manière traditionnelle, il crée une pépinière de plantes exotiques importées de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Il est sur ce que l’on appelle un marché de niche et est reconnu pour son expertise dans le domaine.

Au début des années 1980, de nouvelles crises porcines l’orientent vers une décision radicale : il ne reprendra plus de cochons. Ceux qui lui restent seront les derniers. Les fleurs de sa pépinière seront les premières à être exposées dans son projet de parc exotique. Il casse tout ce qui ne lui sert plus et transforme ses bâtiments en lieux d’accueil. « Les banques ont eu du mal à le soutenir, et pas qu’elles… Beaucoup de gens ont pris mon père pour un fou. Mais il était lancé et sûr de son coup ! Personne ne l’aurait arrêté ! » raconte Erven Gicquel, actuel copropriétaire du site avec son frère Gwendal.

50 autocaristes au milieu des cochons

Quelques personnes croient en Michel Gicquel et parmi elles, un ami, gérant des Salons de Bellevue, à Malansac. Il reçoit de nombreux autocaristes qui proposent des excursions touristiques dans le Morbihan et suggère de leur présenter le lieu. « Cet ami a fait venir 50 autocaristes pour visiter le projet de parc. Imaginez 50 représentants d’agences de voyages dans les bâtiments, au milieu des derniers cochons de l’exploitation, qui découvraient les serres, les jardins et le musée minéralogique. Ils ont été unanimes ! “Fonce ! ont-ils dit à mon père. On t’emmène les clubs d’anciens. Ça va vraiment leur plaire ! » Ils n’ont pas menti. La première année, en 1986, Tropical Parc accueille une centaine d’autocars. En deux années, Michel rembourse ses emprunts à la banque.

Une aventure qui embarque toute la famille

Dès le début, Tropical Parc est une aventure familiale. « À 11 ans, je faisais les visites guidées aux papis et aux mamies. Ils étaient impressionnés par mes connaissances en botanique ! Mon frère, qui avait 8 ans, tenait la buvette, debout sur une caisse en bois. C’était un vrai pari. Mon père ne se payait pas et réinvestissait tout dans le site. C’était ma mère qui, employée comme aide-soignante à Redon, faisait bouillir la marmite. » Près de 40 ans plus tard, le parc a grandi tout en gardant son esprit de famille. Il est passé de 10 000 visiteurs annuels à 100 000 à la saison 2023. L’épouse d’Erven, Phannaira, travaille dans la boutique. Son neveu Louis et sa nièce Léonie participent activement à la vie du parc pendant les vacances et week-end, de même que leurs grands-parents, Michel, le fondateur, et Marie-Madeleine, qui chouchoute les plantes et les animaux.

Au fil des années, Tropical Parc est devenu encore plus familial par sa fréquentation. Les excursions des clubs de retraités ont décliné, mais les visites des écoles ou des familles en vacances ont augmenté. Le site a réussi à continuellement se réinventer pour surprendre toujours plus son public, et plus que cela l’émerveiller. « Nous ne savons pas faire autrement que de créer ! Ce qui nous anime, c’est de faire voyager nos visiteurs, de leur permettre de s’évader, de voir leurs yeux briller ! » conclut Erven.

Après la mise en place d’un jardin chinois qui leur a valu l’approbation et surtout l’admiration de l’ambassadeur de Chine, Erven et son frère Gwendal se sont lancé le défi d’un paysage indonésien. Son ouverture est prévue pour 2026. En attendant, les visiteurs ont de quoi voyager sans prendre l’avion à travers sept jardins exotiques. Ils prendront même la machine à remonter le temps grâce au jardin préhistorique présentant des plantes et fossiles ayant côtoyé les dinosaures… Voilà de quoi faire rêver les petits comme les grands !

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