Vidéo – Intervention lors des enjeux de la PAC 2021-2027

Retrouvez ci-dessous le contenu de mon intervention à l’attention du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien de Normandie au sujet des enjeux de la PAC pour la période 2021-2027

« L’élaboration de la nouvelle PAC pourrait avoir des conséquences lourdes sur l’élevage, avec pour corollaire des effets sur l’emploi, la vitalité des campagnes, la protection de l’environnement et la souveraineté alimentaire. Le modèle productif de l’ouest de la France repose sur un système de polyculture-élevage et sur des fermes familiales de taille moyenne, dont les externalités positives sont bien connues. Il est pourtant gravement menacé par la faible rémunération de l’élevage, les exploitants percevant en moyenne moins de 20 000 euros annuels. Chaque jour, des éleveurs cessent leur activité, et leurs terres sont trop souvent destinées à la végétalisation : le risque est grand de voir ces espaces se transformer en zones uniquement dédiées à la culture. Nous souhaitons au contraire préserver l’élevage en le réorientant vers des productions à forte valeur ajoutée et à faibles externalités environnementales.


Alors que la PAC pourrait constituer un instrument permettant de favoriser ce type d’agriculture, les sommes perçues par la Bretagne au titre du premier pilier sont passées de 571,9 millions à 425 millions d’euros entre 2006 et 2019. La dernière PAC, à travers la convergence des aides et la suppression de la plupart des aides couplées, a entraîné une baisse sensible des revenus. Nous avons été alertés par les agriculteurs de nos circonscriptions, qui demandent que la part du premier pilier de la PAC consacrée au paiement redistributif versé pour les cinquante-deux premiers hectares soit portée de 10 % à 20 %. Cette mesure avait été acceptée par Stéphane Le Foll, mais n’a jamais été appliquée. Quelle sera votre attitude face à cette demande ?
Par ailleurs, les certifications HVE étant surtout assises sur les cultures, les systèmes d’élevage peinent à se conformer aux exigences associées au certificat de niveau 3. Il est donc proposé de créer une certification HVE de niveau 2 +, tournée vers l’élevage. Où en sont les négociations et quelle sera votre philosophie en la matière ?


Enfin, 56 % des chefs d’exploitations sont âgés de plus de 50 ans : il faudra, durant les dix prochaines années, renouveler la moitié de ces hommes et de ces femmes. Le syndicat Jeunes Agriculteurs a appelé notre attention sur la nécessité de doubler les enveloppes allouées aux jeunes exploitants, afin de faciliter leur installation et d’éviter les phénomènes de concentration préjudiciables au modèle familial »

 

 

Réponse de M. Julien de Normandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation

« Votre première question est très importante, puisqu’elle concerne le paiement redistributif. Elle illustre bien toute la difficulté de la position qui est la mienne. En tant que digne représentant de votre chère Bretagne, vous estimez qu’il faut augmenter les paiements redistributifs. Tout à l’heure, plusieurs représentants, non moins dignes, de la région Bourgogne-Franche-Comté, se sont pourtant exprimés pour rappeler que les agriculteurs de leurs circonscriptions avaient largement contribué dans le cadre des PAC précédentes. Ils ont même, me semble-t-il, souligné que le paiement redistributif avait significativement contribué à faire baisser le revenu des exploitants, notamment dans les zones intermédiaires.


En effet, si le paiement redistributif est certes très favorable à la Bretagne, du fait de la taille des exploitations, il est incroyablement défavorable à d’autres zones, comme les zones intermédiaires. Les deux dernières PAC ont organisé des transferts massifs conduisant à allouer aux exploitants des zones intermédiaires, y compris en grande culture, des niveaux de paiement de base – le fameux DPB – très largement inférieurs à la moyenne nationale. Il en résulte un accroissement de plus en plus prononcé des exploitations, non pas du fait d’une volonté de puissance des agriculteurs concernés, mais tout simplement parce que le faible rendement par hectare leur impose d’agrandir leurs exploitations pour en vivre, et parce que beaucoup de jeunes agriculteurs refusent de s’installer dans des zones où il est impossible de vivre du produit d’une exploitation.


C’est là toute la difficulté de l’exercice : je comprends totalement votre demande – je ferais d’ailleurs probablement la même si j’étais à votre place –, mais je comprends tout autant celle de vos collègues qui estiment que nous devrions peut-être emprunter le chemin inverse. Au final, ma responsabilité consiste à trouver un juste équilibre entre les intérêts de chacun.
S’agissant de l’installation des jeunes agriculteurs, je vous promets de répondre à l’occasion d’une question ultérieure. »

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