Newsletter février 2025 : l’éditorial
En ce début d’année 2025, nous vivons une période quelque peu incertaine et troublée au niveau national comme international. Toutefois, dans un premier temps, je souhaiterais relativiser ce phénomène et conserver s’il en faut un soupçon d’optimisme en l’avenir.
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire du pays que nous vivons des tensions politiques. L’Assemblée est et doit rester un lieu de confrontions des idées. Disant cela, il va de soi que je ne cautionne pas les propos déplacés de certains de mes collègues. Ces écarts de conduite font trop souvent l’actualité et ne reflètent pas toujours le travail parlementaire que nous pouvons réaliser.
« L’Exécutif contrait de repenser son rapport à la représentation nationale »
La Ve République avait pour habitude de donner tous les pouvoirs, ou presque, au Président de la République lorsqu’il disposait d’une majorité claire à l’Assemblée. Jusqu’en 2022, le fait majoritaire exacerbé par l’instauration du quinquennat ne donnait d’autres choix aux députés que de soutenir le Président. Certains même pouvaient ironiser sur l’absence de marge de manœuvre des parlementaires sommés de suivre les préconisations présidentielles.
Faute de majorité, l’Exécutif est désormais contraint de repenser son rapport à la représentation nationale. L’exécutif doit désormais engager un dialogue avec l’ensemble des groupes parlementaires, en définissant un programme ouvert aux compromis et en rassemblant suffisamment de députés derrière-lui pour voter un budget sans s’exposer à la censure. Si l’envie ne manquait pas de sanctionner le Gouvernement Barnier, je ne voyais aucune majorité alternative se dégager mais une menace d’instabilité, que beaucoup de nos concitoyens redoutaient également. Ils m’en avaient fait part.
« Inutile d’agiter les peurs »
Néanmoins, on ne peut pas dire que la nomination du Gouvernement Bayrou soit considérée comme consensuelle. Confirmant son déni du résultat des urnes, le Président a fait le choix de la continuité, au risque d’aggraver l’illisibilité du moment. La menace de censure pointe à nouveau… Espérons que le nouveau Gouvernement saura rassembler et discuter au-delà du « socle commun », comme en ce moment avec le Parti socialiste et d’éviter une censure, synonyme de blocage institutionnel.
Pour autant, concernant la censure, il est inutile d’agiter les peurs et déployer des contrevérités. Non, la chute du Gouvernement n’a pas empêché et n’empêchera ni le paiement des pensions de retraites, ni le financement des prestations sociales et le salaire des fonctionnaires. Votée en urgence, une loi spéciale autorise l’Exécutif à lever l’impôt et à emprunter pour financer la Sécurité sociale. La machine continue, tant bien que mal, de fonctionner.
« Trois effets négatifs à l’instabilité du moment »
Cependant, je note trois effets négatifs à l’instabilité politique du moment.
D’abord, le retard législatif. Nous avons besoin d’un Gouvernement pour voter des lois, proposer un projet de loi de finances, qui déterminera lui-même le budget des collectivités locales et l’octroi des subventions.
Ensuite, l’alourdissement de la dette, lié à l’augmentation du poids des intérêts, risquant de grever de manière substantielle notre capacité budgétaire de fonctionnement et d’investissement.
Enfin, le ralentissement économique et la baisse des recettes de l’Etat. L’un comme l’autre inquiète grandement nos concitoyens, qui ne consomment plus et qui n’investissent plus.
« Que Paris prenne exemple sur la Bretagne »
Dans ces conditions, il serait enfin temps que Paris prenne exemple sur la Bretagne.
Pourquoi me direz-vous, sommes-nous plus vertueux que le reste des Français ? Incontestablement, oui. J’en veux pour preuve plusieurs indicateurs. Les administratifs à Paris nous le disent : « Vous les Bretons, vous n’êtes pas comme les autres ». Pourquoi ? Parce que nous sommes capables de nous mettre d’accord, malgré les divergences politiques.
Ce n’est malheureusement pas ainsi dans beaucoup d’autres régions et je ne parle même pas de l’Assemblée nationale… Nous avons eu plusieurs victoires collectives. Je pense au plan autoroutier breton il y a 60 ans, ou encore à la suppression du projet d’écotaxe, parfaitement adapté pour des territoires comme l’Alsace ou la Catalogne mais inadapté pour un territoire péninsulaire comme la Bretagne.
« Humilité, travail et volonté de rassembler »
Deuxième indicateur, la situation au Conseil régional de Bretagne. Le président, Loïg Chesnais-Girard, ne disposait pas de majorité à l’issue des élections. Il disposait de 40 conseillers dans sa majorité, contre 43 pour les autres groupes d’opposition. Aucun budget n’aurait pu être adopté sans l’abstention d’un groupe d’opposition. A force de discussions, de compromis et finalement d’accords, ce sont désormais 45 conseillers régionaux qui ont voté le dernier budget et deux autres groupes se sont abstenus.
Inutile de dire que le budget était pourtant délicat, dans un contexte où l’Etat veut rogner les financements des collectivités locales. Le budget de la région Bretagne devait prévoir 56 millions d’économies. La méthode : humilité, travail, volonté de rassembler, voilà ce qui caractérise la majorité régionale et globalement la façon de fonctionner en Bretagne.
De plus, les élus locaux mais aussi beaucoup de Français se plaignent d’une sur-règlementation qui coûte très cher en argent public. Cette réglementation est élaborée dans les ministères, à Paris. Il est effectivement nécessaire de la simplifier, en conférant le pouvoir règlementaire aux collectivités locale parmi les compétences dont elles disposent. Il faut mettre fin à la centralisation, en confiant l’autonomie aux collectivités qui le demandent. Il n’y a là rien de révolutionnaire. Les pays qui nous entourent fonctionnent de cette façon et ils ne s’en plaignent pas, bien au contraire.
« Un autre chemin est possible »
Un autre chemin est possible. Il passera nécessairement autour d’un programme de gouvernance, négocié point par point, ouvert à la discussion et aux oppositions. C’est ce que nous essayons d’initier avec les députés du groupe LIOT.
Si beaucoup songent déjà à 2027 et aux prochaines élections présidentielles, tant reste à faire : je pense au logement, ou encore à la santé, à travers la lutte pour nos hôpitaux et la réduction des déserts médicaux. Si la Bretagne reste plutôt favorisée en matière économique, beaucoup d’entreprises redoutent un net fléchissement pour 2025. Enfin, il reste la lutte contre le narcotrafic et la situation internationale, qui nécessitent une union des forces pour faire face à la menace. J’aurai donc un maître mot pour 2025 : appliquons la méthode bretonne.