Tribune – Priver les clubs de foot et les associations des contrats aidés, c’est mettre en danger le vivre ensemble

En 1998, après la première étoile, 240 000 pratiquants supplémentaires avaient été enregistrés. Autant d’éducateurs à trouver…

La victoire de l’Équipe de France de football en finale de la Coupe du Monde a levé dans notre pays, comme en 1998, un vent d’euphorie… Vingt ans après, par le talent d’une équipe portée par une fraîcheur et une audace incroyables, nous renouons avec ce sentiment de fierté et d’union qui fait partie de notre histoire et qui incarne notre force collective, dans toute notre diversité.

Ces moments de liesse populaire sont précieux car nous avons besoin les uns des autres et nous savons que le sport nous emporte et nous rassemble bien au-delà de nos différences, particulièrement quand il s’agit d’un sport populaire et universel comme le football.

Humilité, respect, solidarité sont les premiers enseignements des clubs de foot. Nous voulons parler du foot amateur des villages, des quartiers, des districts et des ligues régionales qui rassemblent des milliers de gamins -filles et garçons- dans la France rurale, comme dans celle des banlieues. Cette école de la vie et du plaisir est le fait de petites associations sans gros moyens qui se démènent toute l’année pour encadrer des jeunes, les éveiller au vivre ensemble, à une certaine forme de citoyenneté.

En septembre, il y aura un afflux de gamins dans les clubs de foot. En 1998, après la première étoile, 240 000 pratiquants supplémentaires avaient alors été enregistrés, ce qui représentait une hausse de près de 15 %. Autant d’éducateurs à trouver, à former et dont une large part profitait des emplois aidés pour développer un projet.

Pourtant, les clubs sportifs sont désormais privés des emplois aidés et beaucoup mesurent déjà ce qu’ils ont perdu avec la suppression de ces postes. Sans ces emplois, les clubs voient leurs marges de manœuvre diminuer et accumulent les difficultés de gestion.

Dans le sport et dans la culture, comme dans la vie associative en général, les contrats aidés ont permis de faire vivre des projets utiles pour la collectivité et de tisser du lien social. 450 000 personnes bénéficiaient des contrats aidés en 2015 et 2016, puis 320.000 en 2017, et seulement 200 000 en 2018. Pour 2019, des médias annoncent que le gouvernement pourrait poursuivre cette baisse pour atteindre les 100 000! Réduire le nombre de contrats de ce type serait pour le gouvernement un moyen de faire de nouvelles économies afin de boucler son budget. Mais nous savons que ces économies auront un coût social élevé pour notre société. Non seulement la vie associative de notre pays sera anémiée mais de nombreuses personnes resteront au chômage.

Les emplois aidés sont souvent des tremplins vers l’emploi et permettent de redonner confiance et dignité à leurs bénéficiaires tout en offrant une bouffée d’oxygène aux associations qui les ont mobilisés.

Evidemment, il faudrait mieux payer, mieux former et davantage valoriser tous ces salariés en contrats aidés, et nous souhaitons une forte augmentation des budgets consacrés à la vie associative. Bien sûr, les salariés en contrats aidés aimeraient avoir des contrats pérennes. Mais ne perdons pas de vue l’essentiel: ces emplois sont doublement utiles, pour la collectivité comme pour les salariés.

Si l’Équipe de France regorge de talents remarquables, cette Coupe du Monde nous a rappelé que la meilleure équipe est celle qui possède un sens aigu du collectif, sachons en tirer les leçons pour gouverner notre pays.

Les signataires de cette tribune sont :

François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, Marie-Pierre Bresson adjointe au maire de Lille, Paul Molac député de Bretagne, Jacqueline Ferrari conseillère régionale région Bourgogne Franche-Comté, Jean-Luc Bennhamias membre du Conseil économique, social et environnemental, Véronique Massoneau ancienne députée, Mjid El Guerrab, député des Français de l’étranger, Fabienne Gambiez conseillère municipale d’Issy-les-Moulineaux, Christophe Rossignol responsable associatif, Violette Baranda adjointe au maire de Paris 19e, Bernard Chapellier adjoint au maire du Kremlin-Bicêtre, Caroline Deforge conseillère municipale de Tours, Aicha Jabrane responsable associatif, Joël Crotté conseiller régional du centre Val-de-Loire, Frédérick Benhaim Conseiller Régional Ile-de-France.

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